Tremblez, vallons obscurs ! Tremblez, forêts profondes !
Car s'élève déjà dans le soir qui descend
La confuse frayeur d'un fantôme naissant
Dont les doigts d'outre-tombe ont parcouru les mondes.
Il semble que déjà l'ombre du ciel s'allonge …
Ce hurlement, là-bas, est-il celui d'un loup
Ou celui d'un errant, d'un possédé, d'un fou ?
Tremblez ! Car c'est la nuit qui sous la terre plonge …
Car la nuit n'est que nuit, et l'ombre est un abîme
Où se cogne l'écho d'impossibles regrets ;
Néant sont les vallons, ténèbres les forêts
Où l'âme guette en vain l'ultime et le sublime.
Rien ne bouge au château - Tremblez, forêts obscures ! -
Puis, soudain, apparaît le Prince des dragons,
Le funeste Empaleur - Tremblez, profonds vallons ! -
C'est son heure à présent, pleine de froids murmures.
L'épouvante saisit le cristal des étoiles,
Quand la main du géant, fulgurante, s'abat
Sur quelque infortuné pèlerin trouvé là,
Qu'une terreur glacée transperce jusqu'aux moelles.
Lors, le seigneur des lieux mord cette gorge nue,
Car il faut à sa soif le sang d'un corps vivant
Et l'immortalité qu'il transmet dans l'instant
A celui qu'il immole à sa quête éperdue.
En bonds hallucinés il rentre en son domaine
Où les miroirs défunts, ses dociles sujets,
Se figent, sans reflet, aveugles, sourds, muets,
Tant son silence est lourd d'une douleur humaine.
L'effroi les pétrifie, l'air-même se retire,
Car depuis le couchant les choses vont ainsi,
Et jusqu'à l'aube pâle elles iront ainsi :
Le maître de céans n'est autre qu'un vampire.
Il ignore les traits de son propre visage,
Le jour à peine éclos ne le voit que de dos
S'enfuir pour retrouver un trépas sans repos
Le long des siècles morts qui cherchent le rivage.
Que sait-il d'ici-bas, lui qui parcourt les mondes
Où ce qui s'achevait ne fait que commencer ?
Mais n'entendez-vous pas le soleil s'effacer ?...
- Tremblez, vallons obscurs ! Tremblez, forêts profondes !
* * * * * * * * * * * *
Note : Le vampire Dracula, "créature" littéraire de Bram Stocker
pour son roman du même nom, n'est certes pas étranger
à l'inspiration qui a guidé ma plume.
Cette figure fictive et fantasmée est elle-même inspirée d'un
seigneur obscur de Transylvanie qui vécut en des temps lointains.
On l'appelait "Vlad Dracul", le mot roumain "dracul"
(prononcer "dracoul'") signifiant "dragon".
On le nommait aussi "Vlad l'Empaleur".
Un homme charmant, à n'en pas douter …;)
Écrit par Ombrefeuille
De la corolle du silence
Le parfum de l'âme s'élance. (Ombrefeuille ... tout simplement ...) Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 31/10/2020
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terrifiant mystérieux maléfique! tu as su par tes mots redonner vie à vlad dracul dans ses contrées de transylvanie...l'ambiance cruelle et horrifique! revit sous ta plume agile! un contexte trés sombre mais véridique...j'ai apprécié ma lecture et les frissons...en favori !félicitations! bonne soirée! prends soin de toi! amitiés vives:) | |
romantique |
Sublimement ! Poétisé , cet heritage culturel ! J'ai traversé doucement cet univers par une lecture attentive dans la peur qui sied au thème... Merci beaucoup et bravo Ombrefeuille , je tremble aussi en refermant la porte du château que je vais quitter en courant ! |
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Yuba |
A la fin de la lecture de ce poème, c'est moi qui tremble! Une écriture magistrale, qui fait ressentir cette atmosphère particulière d'une façon palpable, qui tient en même temps du conte et du cinéma fantastiques. J'aime beaucoup le retour de ces mots "Tremblez, vallons obscurs! Tremblez, forêts profondes!" ensemble ou disséminés dans la narration, cela donne une forte intensité à l'ensemble. La note explicative est appréciable, d'ailleurs le château de Vlad Dracul, dit aussi Vlad l'Empaleur, existe toujours en Roumanie, et on peut le visiter. Merci beaucoup, ma chère complice de plume, pour cet instant d'excellente poésie et de frisson garanti! :-) *** |
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Matriochka |
Cet homme charmant, emballant, empalant, a dû faire des ravages en son temps... Vlad, pour Stoker fut l'inspiration de son vampire, et l'histoire ainsi fournit bien des motifs aux récits imprégnés de fantastique. Votre poème est un excellent exemple de la tradition romantique de chanter l'horreur, Goethe avait déjà posé les bases, et dans la peinture Füssli imposa ses motifs de cauchemars, insidieux monstres sacrés aujourd'hui, ces auteurs ont puisé à la meilleure des sources : le fond des âges, d'où tout ce qui nous fait trembler est l'origine, la nuit, l'éclair, l'ours velu ! Comme dit Matriochka : frisson garanti pour cet Halloween endiablé ! Bravo ! |
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jacou |
Mille mercis à vous, amis de ce quatuor de plumes, à vous qui n'avez pas craint d'oser le face-à-face avec ce personnage devenu légende. Je suis ravie d'être parvenue à vous faire ressentir frayeur et hâte à vous carapater ... C'est ce que j'eusse fait itou :) Si j'ai l'heur de me rendre un jour en ces contrées, je ne manquerai pas de visiter ce château, et je veillerai à me faire accompagner d'un homme qui connaît le pays, le "Berger des Carpates" qui m'a inspiré un poème posté ici voici quelques mois, et je le prierai de venir avec son chien, ce fidèle allié qui ne recule pas devant les loups et qui, donc, sera en mesure de nous préserver contre les maléfices et autres excès de "l'Empaleur" :) |
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Ombrefeuille |
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