Gisèle

Elle a un prénom d'avant-hier,
Un vieux prénom d'avant la guerre
Qui à l'air de regretter,
D'ètre encore au calendrier,
Il ne répond pas à l'appel,
Au palmares des top-models,
Mais elle n'en est pas affectée,
C'est pas elle qui s'est baptisée,
Gisèle, Gisèle, qui m'envoyait des bisous,
Gisèle, Gisou, quand j'étais sous les verrous.

Non c'est pas une histoire d'amour,
J'y ai jamais tourné autour,
Sauf, peut ètre, en pensée parfois,
Que diable, je n'suis pas en bois,
Parce qu'il faut dire qu'elle a des yeux,
Qui font baisser ceux du bon dieu,
Et le reste est si désirable,
Qu'il fait lever les yeux du diable.
Gisèle, Gisèle, qui m'envoyait des bisous,
Gisèle, Gisou, quand plus rien n'allait du tout.

Elle disait mélancoliquement,
J'sais pas écrire, j'ai pas d'talent,
Moi je me serais contenté,
D'un simple petit bout d'papier,
Le papier qu'elle avait plié,
Suffisait pour me requinquer,
Dans l'art de faire plaisir aux gens,
Moi j'aurai jamais son talent.
Gisèle, Gisèle, qui m'envoyait des bisous,
Gisèle, Gisou, quand j'voulais me serrer l'cou.

Ses lettres étaient collées au murs,
De ma cellule et je vous jure,
Que je n'avais jamais joui,
D'une aussi belle tapisserie,
Pas un ouvrage d'Aubusson,
Ne souffrait la comparaison,
Et au petit matin venu,
Je me sentais moins détenu.
Gisèle, Gisèle, qui m'envoyait des bisous,
Gisèle, Gisou, quand l'espoir était au clou.

Et c'est ainsi qu'emmitouflé,
Par la chaleur de son courrier,
J'ais accompli mon purgatoire,
Sans tomber dans le désespoir,
Et de ce prénom d'avant-hier,
Ce vieux prénom d'avant la guerre,
J'ais fais le meilleur des meilleurs,
De tout les antidépresseurs,
Gisèle, Gisèle, pour avoir de vrais bisous,
Gisèle, Gisou, j'irai plus sous les verrous...