A Blanche

Te souviens tu de Blanche?
De ma pauvre amie Blanche?

Te souviens tu du "Temps Perdu"?
Au milieu des artistes, elle était apparue.

Nous, nous étions poètes, musiciens ou chanteurs,
Elle était venue là pour nous offrir son coeur.

J'écrivais en ce temps tout ce que vous souhaitiez,
En prose ou bien en vers, comme vous le demandiez.

A dix-huit ans déjà, j'allais le coeur meurtri,
Blanche avait plus du double, elle devint mon amie.

Par la drogue et les peines, son corps était usé,
Mais ce petit sac d'os inspirait l'amitié.

Non, pas celle d'un soir, ou qu'on met dans son lit,
Une amitié sans bornes, de celles qui vous lient.

A veiller sur cette femme, j'ai passé tant de nuits,
Je fis d'elle ma mère, je fus son fils chéri.

Souviens toi qu'elle tremblait, pleurait et gémissait,
Quand de s'administrer sa mort je l'empêchais.

C'était alors l'enfer, jusqu'au petit matin,
Mais nous vivions ainsi, sans penser à demain.

Deux semaines durant, Blanche, je t'ai laissée,
Tu en as profité, Princesse, pour nous quitter.

Le réveil fut brutal, lorsqu'on m'apprit ta mort,
Mon esprit était vide, mon coeur plein de remords.

Moi j'ai cessé d'écrire, plus de trente ans durant,
Là je reprends la plume, juste pour un instant.

Pour te dire, oh ma Blanche, combien tu m'as manquée,
Combien tu es présente, malgré toutes ces années.

Je vais venir te voir, je vais franchir la rive,
A bientôt, jolie Blanche, fais toi belle, j'arrive.

Phil