Je me souviens de ces jours heureux
Ou l'un de nos jeux favoris
Consistait à faire de grands feux
Nous étions une poignée d'amis

Avec des pierres on délimitait le foyer
Et chacun se mettait en quête de bois
Quand on avait de quoi l'alimenter
Alors on allumait ce beau feu de joie

Le moins facile était de l'allumer
Un journal et des brindilles sèches
Suffisaient souvent à l'enflammer
Naissaient alors quelques flammèches

Elles produisaient vite un feu crépitant
Une chaleur qui nous tenait à distance
Nos yeux étaient rivés sur le bois rougissant
Et la fumée s'échappait en silence

Les flammes s'élançaient à l'assaut du ciel
Tandis que se formaient des braises ardentes
Et que jaillissaient quelques étincelles
Comme des dizaines d'étoiles filantes

Puis venait le temps de la séparation
Et en jeunes campagnards avertis
Nous éteignions les derniers tisons
Afin d'éviter toute tragédie

Aujourd'hui nous faisons brûler
Pneus et palettes devant les usines
On dit que c'est pour revendiquer
Contre les délocalisations ...d'usines

Ailleurs des jeunes désoeuvrés
Incendient voitures et poubelles
Pour se heurter aux pompiers
Chantons ensemble "La vie est belle"