Il a par trop souffert, cette fois c'en est trop
Son coeur est déchiré, fragmenté, morcelé
Le miroir lui renvoie un visage défait
Ses intimes douleurs lui collent à la peau

Il porte sur son dos un bagage bien lourd
Rempli de son passé qui dans le noir gémit
Ses traits alors légers se sont tous endurcis
Pareils à des rochers ne connaissant l'amour

Chaque instant qui passe lui rappelle sa peine
Sa vie est un fardeau aux ombres infécondes
Il aimerait couler dans la gorge de l'onde
Qui palpite à ses pieds comme tremblent ses veines

Son regard est éteint ainsi qu'un ancien phare
Qui guidait lumineux les voletants navires
Et qui désormais gît, sans que nul ne le mire
Parmi des épaves aux disparues amarres

Règne dans son esprit la morne confusion
Avançant chancelant, agité, indécis
Sur des chemins obscurs entourés de glacis
Il erre l'air absent, parcouru de frissons

Il est désenchanté, sont envolés ses rêves
Convoquant ses regrets, ses illusions perdues
Il semble une feuille dont la tige ténue
Est battue par le vent qui lui vole sa sève

Isolé, prisonnier, déconnecté du monde
Ses invisibles deuils peuplent sa solitude
Se sentant étranger au sein des multitudes
Il est un exilé sous l'orage qui gronde