Pourquoi t'es-tu donné la fin autoclamée ?
Ce que tu recherchais n'était-il en ce monde ?
Avant d'en décider, t'es-tu bien assurée
Qu'en aucun de ses plis, de ses failles profondes
Se trouve l'or caché qui eût orné ton âme ?
Quelle triste pensée que pourrait une femme
Être non satisfaite des bonheurs d'ici.

Tu es la métaphore de l'heureuse vie.
Si la fleur du poète se laisse faner,
Qu'avons-nous à chanter, qu'avons-nous à clamer ?
Il ne nous reste plus qu'à nous éteindre aussi.
Comme est à l'agonie la flamme manquant d'air,
Poète sans la femme n'est plus rien sur Terre.
Si je t'avais connu, si tu m'eusses écouté...

J'aurais mis tout mon cœur en ton attristement,
Et pour te consoler comme le fait l'amant,
Je t'aurais dénudée pour que tu vois enfin
Que l'heur n'est au dehors mais en notre jardin.
Ô combien de souffrances ont dû te torturer
Pour qu'enfin tu choisisses un lieu si reculé
Que d'en bas nul ne peut pour tout l'or te calmer !

Cette histoire de belle a-t-elle une morale ?
Je ne la connais pas, mais j'en vois une à moi.
Aussi longtemps que sont la belle et le poète:
Que l'un découvre en l'autre une lueur rebelle
Qui de sa liberté défie monts et merveilles
Pour nous guider ensemble vers notre intérieur
Et soigner d'un baiser la béante illusion.