Par les confins ruraux d'une France au aguet
Venait un promeneur solitaire échevelé
Il prenait quelques détours paraissant longuets
Qui terminaient leur course en des forts nivelés

C'était dans la fleur du printemps, les sols jaunis
Qui vous remercient presque en les foulant du pied
Se réveillent, fort de cette audace; l'atonie
Frais vaincue: de là que vous vous sentiez épié !

Mais voilà un deuxième marcheur sans apprêt
Ce doit être un laconique, car son grand front
Reçois l'injure du vent, -sûrement exprès- ;
Mystérieux, puisqu'il sourit même à cet affront

Mais oh! Que vois-je ? Voici gens du même haillon
On les voit qui bavardent, ils ont l'oeil fébrile
Que font-ils ici? Ont-ils des médaillons ?
Ils chantent sans gêne d'une clameur virile

Les résidents ont su que c'était des poètes
Leur passage fut un psaume aux airs avenants
Les enfants ont repris Le chant de l'alouette
En substituant des mots aux sens inconvenants

Eh! Vous savez, ce n'est plus la France d'antan
Le monde a changé, il est en proie au délire
Mais dans l'orage, on peut croire qu'en attendant
Quelques sauvageons travaillent à le guérir

Qu'ils sont beaux à voir, ces poètes pleins d'espoirs
Ceux qui s'étaient trouvés là en parlent encore !
Ils s'en sont allés pique-niquer jusqu'au soir
Et il se dit qu'ils revinrent fort d'un accord