Je plane sur la plaine du royaume des songes,
L'esprit sans le prix bien loin des mensonges,
Je décolle et m'envole plus rien ne me ronge,
Fleurs en odeur j'absorbe telles les éponges.

Je plane sur la plaine du monde non immonde,
Le plaisir allié au désir d'où le bonheur inonde,
Je nage puis je surnage de mes propres ondes,
Mœurs en horreurs, infécondes à ma faconde.

Je plane sur la plaine du mont destin l'instinct,
Lames sans vague à l'âme et seulement serein,
Je suis des îles avec des ailes, du zèle tel serin,
Peurs et terreurs, cœur poignardant sans surin.

Je plane sur la plaine du ciel sans sollicitudes,
Nuages déménagent et sous une autre latitude,
J'apprécie puis déprécie en simples habitudes,
Jardin secret se crée au parfum de la solitude.

Je plane sur la plaine du sanctuaire des bisons,
L'illusion en intrusions modifie toutes visions,
J'écarte les cartes et Descartes de cet horizon,
Heurts et malheurs sur les restes de déraisons.

Je plane sur la plaine du coup la coupe pleine,
Ablations en ablutions ne subsiste cette haine,
J'évite à la va vite toutes bannières en bennes,
Bernes et balivernes ni compter chaque peine.

Je plane sur la plaine de mes derniers dévers,
Le verre imbu de ma personne si trop sévère,
Je sens la rose morose puis je m'en exaspère,
Les vers c'est vert car sans douleur j'espère.

Je plane sur la plaine du tipi de mes ancêtres,
L'aigle espiègle observe lentement s'empêtre,
Je l'envoie paître et mon crâne s'en dépêtre,
Le totem nie le paraître aux confins de l'être.