Ce voyage initiatique des montagnes d'il y a quelques années restera pour toujours dans mes souvenirs. J'étais seul là-bas, loin de ma maison. Et de route en route, d'hôtel en hôtel puis de chemin en chemin. Cette géante colline s'est érigée.
Quand je ferme les yeux
Je ne vois que toi
Un bout de pierre prétentieux
De l'anarchie tu es la loi
Quelques Lacs perdus ont fondu mon regard naïf, le faisant sangloter devant la grandiose Dame qui se tenait devant moi. Cette nature-là m'a usurpé en me donnant la promesse que j'appartiens moi-même à la nature.
Puis cette nature-là m'a envahi pour ne plus jamais me lâcher.
Est-ce que je suis de la nature ? Je ne crois plus maintenant, ou si peu. Mais je l'ai cru et c'est le plus important.
Lorsque tes pas se fracassent sur les pentes raides, montrant les faiblesses de ton corps mais que ton esprit veut y aller, là-haut. Une dispute entre ton corps et ton esprit. Entre ton corps et ton fantasme.
Voir cette vue. Regarder d'autres regards hallucinés : le regard des autres passant la langue pendue et les bras en étoiles.
Quand je ferme mes vieux yeux
Un bout de toi disparaît
Chaque année j'ai souhaité
Ton apparition à chacun de mes vœux.
Que ce soit les pics ou les plaines pour passer le passage des aigles, que ce soit ce cabanon habité qui soudain vient frapper ton être dans tout ce qu'il est. Que ce soit au pied, la chaleur, et au loin là-haut, la neige glacée. Que ce soit tout ça, les arbres, les rochers, le calme, le vide immense de plein.
Je veux affronter une nouvelle fois cette épuisante escalade des sens jusqu'à retrouver la magie d'être moi aussi de la nature.
Renvoie-moi là-bas, corps lourd et épuisant qui m'héberge. Je te le demande, moi, l'esprit qui crée tes rêves et tes douleurs.
Renvoie-moi me mettre à genoux devant cette Dame de roches et de puissance, faire face à son esprit, la laisser t'envahir, corps inutile. Laisse-moi me croire une nouvelle fois nature, que je lui appartienne et que je ne ressente rien d'autre que ta transpiration et le souffle de la terre.
Écrit par feuille_au_vent
à l'heure des feuilles mortes, la fumée est belle.
Catégorie : Amour
Publié le 03/12/2017
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Nul combat n'est plus épanouissant que celui qui consiste à mettre en valeur dame nature. Merci pour ce beau partage Amitié |
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lefebvre |
Ce magnifique poème me fait penser au clip de Björk "Joga", particulièrement au moment où la caméra zoom sur son coeur qui est en fait empli de nature grandiose. J'ai adoré et ai ressenti aussi cela dans ma vie, "d'être de la nature" :) Bravo Feuille_au_vent, direction mes favoris | |
grêle |
Le poème est sublime au sens esthétique : il dépeint bien l'avatar choisit et on prend plaisir à tâtonner sur les cimes en compagnie du poète qui fait le tour de son domaine, l'embrassant du regard, et en éprouvant matériellement le souverain règne. Nietzsche fut un grand marcheur des cimes : comme on respire mieux là-haut pour l'ardeur d'esprit, poétique ou autre ! Un grand merci Feuille_au_vent ! | |
jacou |
La nature vit en nous, et nous l'oublions trop souvent... Merci de cet écrit si majestueux, à l'image de cette Dame. | |
Zigzag |
Un Superbe poème en adéquation avec la nature où tu domines en Petit Prince royal et serein. Il est vivant de beauté, bravo à toi. | |
suane |
C est très beau | |
Masha |
Oui Daniel, un combat pour elle, et dès fois contre elle pour s'amuser, même si on connait déjà le vainqueur... | |
feuille_au_vent |
Merci beaucoup Grele, content de rejoindre vos favoris :) | |
feuille_au_vent |
Merci pour ton commentaire Jacou, pourtant l'oxygène se fait un peu plus rare en hauteur, à croire que l'ivresse nous rend plus omniscient. Ou c'est juste la vue qui donne un regard lointain à nos pensées. En tout cas Nietzsche avait raison là dessus. | |
feuille_au_vent |
Zigzag, il est difficile de croire qu'elle vit en nous encore de nos jours, quand on la compare à ce que nous sommes devenu. Merci pour tes gentils mots. | |
feuille_au_vent |
Merci beaucoup pour ce commentaire Suane ! Loin de moi l'idée de dompter la nature, juste l'envie de la côtoyer, ce qui me manque trop souvent. | |
feuille_au_vent |
Merci Masha pour ta lecture et content que ce poème te plaise. | |
feuille_au_vent |
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