Les Cascades de neige fondue creusent mes rides de vieillards. Au temps des humains qui me grimpent, je pleure sur eux comme je les aime : une impossible conquête qui durera jusqu'à la fin des temps.

Vos yeux dans mes yeux et vos pieds sur ma peau. Des caresses de fourmis qui sont autant de doux pétales effleurant ma grandiose colère.
Puisque je suis née d'une colère de la terre : des tremblements érigèrent mes sommets, mes bosses, mes plaines, mes couleurs et les plus abruptes falaises que seuls de rares individus de votre espèce ont pu défier.

Que la montagne est belle, disait-il.

Moi, je voulais être grandiose ! Je voulais être de celles qui mettent le cœur en apothéose.

Par les chemins de traverse, oublier l'époque, ressentir le monde et la beauté de cette terre qui sanglote. Car à mes bottes vivent des villes s'étouffant par des fumées de particules. Mille voitures se trémoussent sur les vals de ma peau.

Alors viendra le temps où j'écroulerai avalanches de rochers sur vos gueules inconscients, car ne pensez pas que ma pleine douceur et mon silence s'accordent de naïveté. Je vous accepte sur mon corps et je vous aime, mais mon être est de colère, mon origine violente et ma puissance surhumaine.

As-tu vu les géantes, mes maudites et les blanches ? As-tu vu l'arrogante puissance de mes aiguilles et des fous ? Les grandes Jorasses te saluent, petit être. Aujourd'hui je bronze mon aura. Le soleil masse ma vaste peau. Je suis la Montagne, je suis l'ivresse. Je suis immense.

la montagne