To a jolly good fellow
La croix de guerre à Pépère
On l'a r'trouvée en d'ssous
D'un' grosse pil' de draps
On l'a r'trouvée en d'ssous !
On en revenait pas !
L'avait eu la croix d'guerre
La Ccroix d'guerre, Pépère
N'en faisait aucun cas,
Aucun cas, Grand-Papa !
C'est pas lui qui parlait
De Verdun ni d'la France
Seulement, il « gloussait
En parlant d'ceux d'quarante ».
M'causant au coin du feu
Tout en flattant son chien,
Il'm disait! « Ton Bon Dieu
C't'un drôl' de citoyen!»
Refrain
Tout le mond' ne peut pas
Etr' tout l'temps raisonnable
Tout le monde ne chant'pas:
«Amen, alléluia»
Sans ça, tu n's'rais pas v'nu,
Pauvre petiot tout nu,
Naître dans une étable!
Dis-moi, toi l'Grand Patron
Qu'as-tu fait d'mon Papy
Qui buvait le canon
Et braconnait la nuit?
I'm faisait, moi j'te' l'dis
Un catéchism' curieux
Truffé de «Sapristi,
Et « Bon Dious ! et «Tudieu ! »
C'était pas un exemple,
J'en demeure d'accord.
On l'voyait guère au Temple
Ce n'était pas son fort.
Mais j'espère, Yahwé
Que pour ce vieux gamin,
T'auras quand mêm' trouvé
Ne s'rait-c' qu'un strapontin.
Refrain
Tout le mond' ne peut pas
Etr' tout l'temps raisonnable
Tout le monde ne chant'pas:
«Amen, alléluia»
Sans ça, tu n's'rais pas v'nu,
Pauvre petiot tout nu,
Naître dans une étable !
Il aimait tes rivières
Tes forêts, tes vallons.
A l'aub', dans tes clairières
L'odeur des champignons.
C'était p'têtr' sa façon
A lui, d'fair sa prière
C'était un bon garçon
Personn' dira l'contraire.
Dans ton grand firmament
Où y a tant de maisons
Sur ses péchés d'enfant
Passe un grand coup d'savon.
Vois-tu, dans la nuit noire
Sous les coups d'la Bertha
L'a fait son purgatoire
Mon jeune Grand-Papa.
Refrain
Tout le mond' ne peut pas
Etr' tout l'temps raisonnable
Tout le monde ne chant'pas
«Amen, alléluia»
Sans ça, tu n's'rais pas v'nu,
Pauvre petiot tout nu,
Naître dans une étable !
Envoi. Chuchoté :
Alors, pour sa croix d'guerre
Et quatre ans de tranchées
Les rats, l'froid, la misère
Qu'ses faut' soient effacées
P.S. Peu de temps avant sa mort, il m'a dit un jour : « Ah, ma p'tite fille, à 18 ans j'suis parti pour 4 ans la faire leur putain de guerre de marchands d'canons, et j'en suis pas fier ! ah non ! pas fier »
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Écrit par flipote
Sans peur je balance en ligne Mes mots de mamie indigne.Bien pis ! je persiste et signe.
Catégorie : Divers
Publié le 03/11/2007
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c'est un sujet particulier. c'est à la fois drôle et tragique. |
alyyss  |
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Voilà des mois que vous m'avez laissé un mot sur ma "fille à matelots", mais j'avais déserté ce site, car trop plongée dans une autre écriture que la poésie. Mais je réapparais, et trouve encore une fois grand plaisir à vous lire.Merci de votre commentaire, votre référence à Carco et MacOrlan m'enchante. Avez-vous vraiment essayé de la mettre en musique? J'en suis très fière. J'avoue que je n'ai pas fait mes humanités, ni chez les jésuites ni ailleurs, mais je suis comédienne et vis depuis vingt-cinq ans dans l'intimité des beaux textes...J'apprends donc que vous avez besoin d'un assistant, et cela m'attriste, même si bien sûr je m'étais doutée à vous lire que vous n'étiez pas un perdreau de l'année.J'espère pouvoir continuer longtemps à lire d'aussi jolies choses que cette croix de guerre, qui me plait infiniment, comme venant d'un Brassens un peu plus sage, un peu moins voyou. Le Brassens de "l'ami des Teutons", ou de "Pauvre Martin" s'il n'avait pas été anti-clérical et athée, n'est-ce pas? |
Orfeo  |
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Merci de cette appréciation qui me réjouit le coeur mais ne traitez pas Brassens de voyou, s'il vous plaît cher Orfeo. Je suis comme lui assez anti-cléricale, je suis chrétienne mais très éloignée de toute église. J'espère ne pas vous choquer, nous en reparlerons autant que vous le voudrez. pour faire bref, je suis derrière les chrétiens de "Témoignages chrétiens". Moi aussi je vous embrasse. |
| flipote |