Toujours dans mes petites histoires, je quitte un moment le "Chat Noir" pour vous proposer cette pagniolade à lire avé l'accent...

Rififi à « l'ami du nord ».

Petite journée d'été qui commence au café de «Â l'ami du nord », tranquille, comme on dit par ici.

Je profite du soleil pendant que François nettoie ses tables.

Un brave gars, le François, mais bourru comme un ours, on se demande ce qu'un homme du nord comme lui est venu faire par ici.

Quand on lui pose la question, il dit «Â Ouvrir un bistrot » Comme si il n'avait pas pu le faire là-bas ! Et puis de l'ours, il n'en a pas que la parole, il en a aussi la taille, la force, et même les poils !

Au premier abord, il fait peur, c'est peut-être pour cela que la clientèle se compose
surtout d'habitués, pourtant, je le répète, c'est un brave homme.

Tiens, voilà le Gène, il a l'air énervé !

«Â -François, j'crois que je suis cocu ! 

- Ah !....
- Oh bonne mère, je lui dis que je suis cocu, et tout ce qu'il trouve à dire, c'est «Â ah ! »
- Et tu veux que je te dise quoi ?
- Je sais pas moi, interroge-moi !
- Qu'est-ce que tu bois ?
…
- Quoi, je t'interroge !
- Mais demande-moi comment je le sais !
- Et … comment tu le sais ?
- Je l'ai entendu de la bouche de ma propre femme !

- Elle a avoué ?

- Et non ! Elle parlait au téléphone avec la Francine ! Et que je te dise «Â Il est beau »Â !

- Ah, forcément, c'est pas toi !

- Et que je te dise «Â  Il est malin »Â !

- Pas de risque non plus !

- Et que je te dise «Â  il est riche »Â !

- A ce propos, permets-moi très amicalement de te rappeler ta petite note du mois…
- Sans-cœur! Je te parle de ma ruine, de mon désespoir, et toi tu t'abaisses à des pensées platement matérialistes !

- Vois pas le mal, mais des fois que tu aurais des idées noires…

- Je n'en suis pas loin, me faire ça, à moi !

- Mais tu es certain que tu as bien compris ?

- Attends, et elle parlerait de qui, de Rintintin ?

- Oui, mais ce n'est pas parce qu'elle en parle qu'elle y touche ! Puis franchement, ta Zézette, tu crois vraiment qu'elle intéresserait un homme beau, intelligent et riche…

- Et pourquoi pas ? S'il te plaît ?

- Moi, je crois qu'elle devait parler d'un acteur de cinéma, ou d'un de ces jeunes chanteurs, elles ont quand même le droit de rêver !

- Tu crois ? Ha, ça me rassure un petit peu, je me disais aussi… Je sais que ce n'est pas une femme parfaite, mais je m'y suis attaché, tu comprends, quand je l'ai trouvée, elle était quasi morte de froid dans la rue, de froid et d'autres choses, elle délirait, je crois qu'elle avait été battue, et qu'il était question d'un bébé aussi, mais elle ne m'en a jamais parlé. Je suppose qu'elle se sera sauvée de chez elle, morte de honte…

- Tu as été bon de la recueillir !

- A qui le dis-tu!

- Il est vrai qu'elle est nettement plus jeune que toi...

- Et oui...

- Et qu'elle fait bien la cuisine...

- Ça c'est bien vrai!

- Et qu'elle tient bien ta maison!

- Aussi...

- Finalement, je comprends que tu y tiennes... »

Il sait être sarcastique, François, mais voilà qu'arrive monsieur Jobert, le mari de Francine, il n'a pas l'air en forme, ce qui est étonnant quand on en a autant, de formes...

«Â  - Ah mes amis, je crois que je suis cocu!

- Toi aussi!

- Comment, moi aussi?

- Le Gène itou!
Et comment que tu le sais? Raconte!

- J'ai trouvé un mot ! Vous voyez, la semaine passée, Francine est montée à Lyon voir sa soeur!

-Il n'y a jamais rien de bon à Lyon!

- Et elle est revenue hier soir toute énervée!

- Toutes les mêmes!

- Parle pas sans savoir, le Gène!

- Alors, ce matin, comme je n'avais plus de sous pour prendre l'apéro, j'ai regardé dans son sac, et qu'est-ce que je trouve......Aie aie aie mon cœur...

- Et qu'est-ce que tu trouves?

- Ceci!

Il agite une feuille de papier sous les yeux de ses deux compères.
Ils la regardent comme si elle contenait de la mort au rat.

- Et qu'est-ce qu'elle dit ?

- Attendez, je prends mes lunettes.

«Â  Chère madame Francine, » Il lui dit chère, aie aie aie !

- Continue ! Quand tu écris à ton banquier pour lui demander un prêt, tu mets aussi «Â Cher monsieur le banquier »Â ! Ca ne veut rien dire !

«Â  Chère madame Francine, c'est avec grand plaisir … »Â  Avec grand plaisir ! Ouille, ouille, ouille !!!

- Aie aie aie, ouille ouille ouille, on n'en finira jamais !

«Â C'est avec grand plaisir que je réponds favorablement à votre invitation, j'ose d'ailleurs espérer que qui vous savez sera présente également, afin que nous fassions plus ample connaissance, mon ami Jacques m'accompagnera. » Ah, je meurs ! François, un pastis, par pitié !
Par monnaie sonnante et trébuchante, je préfère, la maison ne fait pas crédit aux cocus mourants !

Et c'est signé qui ?

- Eric Duparc !

- C'est qui ça ?

- Ho, Eugène, qu'est ce qui se passe ? François, un pastis, il tourne de l'oeil !

- Qui vous savez, c'est Zézette !! Elle a rendez-vous cet après-midi avec Francine, je croyais que c'était au parc, mais ce devait être avec Duparc !
Ho bonne mère ! Nous sommes cocus ! François, pastis, s'il te plaît !

- Dites les deux comiques, c'est pas parce que vos dames ont rendez-vous avec des messieurs qu'elles vont forcément vous tromper, il y a peut-être une explication !

- Allez, tu es gentil de dire ça, mais c'est pour nous consoler !

- Vos dames, moi, je les connais, elles sont rosses, mais elles sont honnêtes ! Et je parie que vous serez bien gênés quand vous connaîtrez le fin mot de l'histoire !

- Allons, tu l'as lu comme moi : très chère, avec plaisir, plus ample connaissance… On ne me la fait pas à moi ! Et cet après-midi, j'aurai le fusil !

- Le fusil, tu vas le laisser là où il est, où je te jure que plus jamais je ne te servirai de pastis, même aux Baumettes !

A cet instant, deux jeunes hommes rentrent dans le bar, il est clair qu'ils ne sont pas d'ici, beaux vêtements, belle allure, sourire confus pour l'un, et tête de celui qui râle pour l'autre, en voilà deux qui ont des explications à se donner, et qui préfèrent le faire dans un bistrot discret que dans un resto chic !

- On peut déjeuner ?

-Une omelette au lard, ça vous va ?

-Ça sera parfait !

Les deux hommes s'installent à la table près de mon appuie de fenêtre préféré.

- T'es quand même un traître !

- J'ai fais ça pour toi !

- Jacques, tu aurais pu me demander mon avis !

A ces mots, mes trois compères dressent l'oreille !

- Écoute, c'était l'occasion ou jamais, il y a si longtemps que tu lui cours après !

- Peut-être, mais comme cela, c'est délicat, et pourquoi tu as écrit cette lettre à ma place ?

- Sa copine, je ne la connais pas, moi, c'est Françoise qui m'a expliqué qu'elle posait des questions sur toi, je me suis dit que ça devrait t'intéresser !

- Bande de petits salopards !

Le Gène et Monsieur Jobert viennent de s'élancer ! Rattrapés au dernier instant par François, ils partent les deux pieds en avant et expédient la table et les assiettes en l'air, personnellement, je me précipite sur les contenus, tandis que les deux jeunes partent en arrière, les quatre fers en l'air !!!

- Ah ça suffit maintenant !

François soulève ses deux amis et les assied de force sur les deux chaises rescapées. Ensuite il attrape le Jacques par le collet, redresse la chaise, et le force à s'asseoir manu militari. Son ami, complètement abasourdi, se rassied tout seul comme un grand !

- Et maintenant, causons !

- Mais de quoi, nous ne connaissons pas ces deux messieurs, ni la raison pour laquelle ils nous ont assailli !

- Oser s'en prendre à de faibles femmes !

- Pardon ?

«Â Je me suis dit que ça devais t'intéresser ! » Espèce de pervers !

Les deux jeunes sont complètement désorientés.

- Mais ça ne pouvait pas leur faire de mal !

- Comment ! Briseurs de ménage! Flibustier !

- Eugène, assis !

- Sans le François, je vous ferais passer le goût moi !

- Allons, messieurs, la situation n'est pas si grave !

- Pas si grave ! Mais je vais l'étrangler !

- Assis j'ai dis !

- C'était seulement une première rencontre !

- Vous vouliez un abonnement peut-être ?

- Peut-être que si ça s'était bien passé, Eric et cette dame auraient pu continuer à se voir…

- Françoiiiis, un pastiiiis, viiite !

- Mais enfin, c'est quoi cette histoire ? Mon meilleur ami me tend un piège, deux inconnus me tombent dessus ! Expliquez-vous à la fin!

- Et nos femmes?

- Quoi vos femmes?

- Francine, et Zézette!

- Vous êtes les maris de Francine et de Zézette!

- Alors, monsieur, vous êtes le mari de ma maman!

Petite journée qui se termine, au bar de «Â l'ami du nord », tranquille,
François range ses verres, ses amis viennent de repartir, ils ont beaucoup pleuré, beaucoup ri, pas mal bu aux retrouvailles de la mère et du fils, que l'on avait appelé Duparc parce que c'est là qu'il avait été trouvé...

Une chance que son ami aie fait la relation, en entendant l'histoire dont parlaient sa maman et sa cousine Francine...

François m'apporte ma soucoupe de lait, quand je vous dis que c'est un brave homme!

Écrit par hysard
L'écriture est une liberté, avec ses cris, ses douleurs, ses joies et ses sourires... http://lesmotslibres.legtux.org/
Catégorie : Amitié
Publié le 28/01/2010
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 28/01/2010 à 17:11:12
Belle histoire qui m'a bien fait rire !Merci encore pour ce partage. Amitiés CRIS
CRIS
Posté le 28/01/2010 à 20:16:26
Magnifique…on se croirait dans un film de Pagnol avec l’accent du midi, quel bonheur, je me suis bien amusée et de dénouement est génial…dommage pour les chaises ;), j’ai adoré.

Bises

Ange de lumière
Ange de Lumière
Posté le 28/01/2010 à 20:19:41
Merci mes amies, je m'y risquerai encore, rien que pour vous!lol!

Grosses bises,

hysard
hysard
Posté le 28/01/2010 à 20:42:26
Il est trop mignon ton texte et tellement généreux malgré la dérision!... Bien à ton image!!!... Je me suis agréablement divertie et ai bcp souri voir ri à sa lecture! Tu devrais écrire des pièces de théatre et je veux bien y être actrice (LOL!!)... Bises amicales
Nymphéa
Posté le 28/01/2010 à 20:45:27
Bonsoir hysard,
J'ai lu avec bonheur et émotion cette histoire...le Nord c'est un peu ma région j'y ai vécu pendant 5 ans pour mes études...merci à toi!

Bises
Yuba
Posté le 29/01/2010 à 01:46:44
Histoire drôle à souhait .Super.Amitiés
TANGO
Posté le 29/01/2010 à 08:22:40
bravo et merci pour cette histoire tordante et pleine de suspense! bisous
flipote
Posté le 29/01/2010 à 09:04:14
heureux que ça vous plaise, je m'y essayerai encore...

Amitiés,

hysard
hysard
Commentaires
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28/03 12:26Yuba
En effet ...lol....le même message est reçu en mp pour moi.
28/03 11:48CRO-MAGNON
Super ! Icetea devient un site de rencontres ! Voir les commentaires reçus ce jour sur chaque poème déposé !
26/03 10:53Alphaesia
Merci Sarahg, bonne semaine à vous...
24/03 10:24Sarahg
Bonne semaine à venir à tous et toutes !
24/03 10:23Sarahg
"Quand le destin de quelqu'un s'accomplit, il faut sourire."
21/03 06:35Lys-Clea
Et Bonsoir cher Cro ! :)
21/03 05:16Altair
Ne jamais oublier que le printemps amène les troubles sociaux, braves gens!
20/03 01:20Sarahg
Que ce Printemps soit synonyme de vie et de bonheur !
18/03 03:47Sarahg
"Etre dans le présent est la condition de la paix intérieure."
18/03 03:46Sarahg
Belle semaine à tous !
13/03 08:39Bleuet_pensif
Bonne journée à tous !... :)
09/03 05:43Lys-Clea
Merci avec Retard, cher Sylvain .. Amitié !
08/03 02:52Capucine
Merci pour cette pensée pour toutes les femmes
08/03 12:00Yuba
Merci Sylvain ...bonne fête à toutes les Dames du site.
08/03 06:17romantique
EN CETTE JOURNEE BONNE FETE A TOUTES LES FEMMES POUR TOUT CE QU ELLES APPORTENT A NOS EXISTENCES ET AU MONDE !!...:)
01/03 11:11Chrysantheme
Il leur faut valider ce chef d'oeuvre d'écriture !
01/03 11:11Chrysantheme
C'est aujourd'hui que mon oeuvre passe en commission de lecture
29/02 12:20CRO-MAGNON
Tu peux écrire tous les jours et tu te reposes à chaque 29 février
29/02 10:15Chrysantheme
Et c'est mal parti
29/02 10:14Chrysantheme
si j'écris pas aujourd'hui je loupe le coche pour 4 ans

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