Les rivières suivies, les fleuves dévalés
Les accordailles d'eaux dans les monts, les vallées
L'étrivière du temps abreuvé de morts sûres
L'attirail déchirant qui désosse en morsures
Les chevaliers passant au tour des tables rondes
Leur moule enfoui dans la foule en fuite où ne grondent
Qu'hommes de leurs peines pour d'admirables brunes
Des nuits lassées des jours, ennuyées de leurs lunes…
L'art tuera la lance, lot du guerrier nouveau
Par les morts d'édredons recréant ce qui vaut
À raturer sa vie, qui l'offre à chaque jour
Dont la seconde entonne un immortel toujours
L'ilote est hostile qui valse au sol esclave
Si le ciel a son âme où la terre le lave
Des boues des heurts dans la minutie qui seconde (1)
Du malheur animal le statut sans faconde
L'heure est blonde à dorer les prés, les cieux, les âmes
Sa lumière pénètre issue des dieux qui clament
L'Esprit qui tout imprègne en acceptant de croire
La première à paraître en naissant en miroir
Elle a sa mèche et elle évente en chevelure
La face de beauté s'effaçant en l'allure
Éternelle où le « plus jamais » n'est, s'il diffame (2)
Celle à l'étincelle qui s'est scellée ta femme
À ce soi dont se meurt l'enveloppe usagée
S'il eut sa reine il a sa sœur qui est âgée
De ces jours par milliers qui font les teints nacrés
Son séjour familier a parages sacrés
Fée à houppelande est princière à Brocéliande
Un sort l'empreint qui l'arbre embrasse et fait l'offrande
Du corps de gloire où toute réjouie, elle inonde
De bontés données drues, d'une élection par l'onde
*--*
*--*
*--*
(1)
« Tu m'as donné Ta boue et j'en ai fait de l'or », de Charles Baudelaire
(2)
« Jamais plus » est la traduction par Baudelaire du « Nevermore » scandant le poème « Le Corbeau » d'Edgar Allan Poe
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amitié
Publié le 23/07/2022
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"A raturer sa vie", j'adore Beaucoup de belles tournures et de musicalité dans ce poème |
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Edelphe |
"Des nuits lassées de jours, ennuyées de leurs lunes" ... Ce vers me semble condenser toute la quintessence de ce poème puissant qui fouaille l'âme et fait écho à cet appel vital à s'extraire de la commune condition, de la morne monotonie du médiocre, appel vital si présent dans la poésie de Baudelaire et que votre plume a rendu avec son art consommé des secrets tourments de l'être. A ce cri de l'albatros-poète que "ses ailes de géant empêchent de marcher", vous avez allié un hommage quasi-chamanique à la Femme, l'Unique aimée et l'Universelle vénérée. |
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Ombrefeuille |
De Charles Baudelaire à Edgard Allan Poe, en Brocéliande avec les mythiques Chevaliers de la Table Ronde, il me semble qu’en ces vers puissants s’expriment les replis dissimulés d’une âme en sa quête mystique, passant par la figure d’une femme vue comme une fée car idéale. Le charisme qui se dégage de ce poème est intense au point qu’il paraît dépasser la simple dimension humaine. Merci à toi, mon cher Georges, pour ce partage dont la lecture laisse forte impression au coeur. Avec ma vive et constante amitié pour toi :-) |
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Matriochka |
Bonsoir Jacou, Ton Charme est dans la Beauté De scriptive de tes Passions, de tes Lectures, de tes amours peintures, de ces Couleurs qui te parlent et te narrent leurs Secrets .. BRAVO !!! BRAVO !!!! Amitié, LyS .. |
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Lys-Clea |
Edelphe, merci, j'aime à louer, mission de la poésie et du poète. | |
jacou |
Ombrefeuille, merci, oui le chamanisme permet à l'ancien mauvais drogué d'anxyolithiques et d'antidépresseurs de reconnecter aux thérapies qui améliorent et soignent et offrent pleine conscience, mais sans psychotropes utilisés dans certaines cultures pour se préparer et accueillir, il semble que chez moi la poésie et la musique et la peinture ont pris les relais nécessaires, je le pense par moments... Merci de percevoir ce genre de choses ! | |
jacou |
Matriochka, j'avais poursuivi dans le Surréalisme avec ses artistes à 16 ans la Quête du Graal qui avait pour moi la coupe de cheveux d'une femme idéale, marqué par la "Chevelure" de Baudelaire et le "Roman" de Rimbaud ("...n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans"), et j'eus les "tilleuls verts sur la promenade" en cajolant mon premier amour, et j'ai découvert le dernier des amours, l'éternel, l'idéale, elle est fée adorée des arbres, des anges, et "c'est encore la première" du sonnet de Nerval, aussi, car ces poètes sont des spirituels amis pour moi ! Avec toute mon amitié vive pour toi :) |
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jacou |
Bonjour Claire, tu as raison, le charme fou du jour est rouge à marcher comme le Petit Chaperon en la forêt de Brocéliande, mais il y faudra faire "Paimpont !" pour trouver à s'en échapper, sinon la "prison d'air" de Dame Viviane sera vivement vivace pour l'éternité de son amour trop grand ! Ouf ! Merci à toi. Amitié |
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jacou |
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