L'orfèvrerie d'un coeur crée des oeuvres si vives
Que l'enseignement de vivre, en paraissant meilleur
Nous transporte en joie pure où tout le corps s'avive
S'invite à demeure le songe du veilleur

Le joyau qui luit dans son jargon lapidaire
La flamme ondoyante conservée tout un soir
Cette femme joyeuse aux souvenirs solaires
Notre vie incendiée nous veut là sans surseoir

La souveraine qui de rêveries s'entraîne
A contrôler si bien l'espace des possibles
C'est l'imagination qui tous les vers étrenne
Quêtant la beauté pour nous clouer sur sa cible

Comme un chemin de pluie fait à la joue ravine
L'eau des ciels descendant les fleuves en collines
Nourrit les prairies de l'espérance divine
Des moissons réussies sous les nues opalines

C'est une voie étroite où pleure la tristesse
N'ayant su choisir ces soyeux réconforts d'âme
Que sont amours mutins, alcools de nos ivresses
Car trop mélancolique est cette accorte dame

Puis, l'on s'en voudrait de caresser l'espérance
Quand aux pieds, seuls, des croix viennent mourir les hommes
Que les Maries n'ont su protéger des errances
Aux cimaises d'âmes dorment les profonds sommes

Ce qui jaillit si pur en dureté se forge
L'enfant aux yeux de braise a mangé l'auge froide
Et le dragon soudain enflammant un Saint Georges
Lui offrant sa force en fait cet adulte roide

Alors, les ans passant, un coeur se freine et glace
La nostalgie d'enfance est trop forte et fragile
C'est un combat de trop et l'homme à l'âme lasse
Met fin à son jour morne en un dur geste agile

(Dédié à Van Gogh, Uccello, Piero della Francesca, Vermeer de Delft, Delacroix, Giotto, Friedrich, et à tous les peintres qui m'ont fait voir le monde en mieux.)

http://figuresambigues.free.fr/Peinture/ucello.html#axzz5DSVgYO7Z