(Inspiré par le tableau "The Lady of Shalott" de John William Waterhouse)
Lèvres purpurines, de rousse chevelure
Ton bandeau, ta ceinture, ou ton collier sur l'eau
Pour t'embrasser ma rime invite Lancelot
Lady, blanche beauté, tu vas à l'aventure !
Chandelle consumant sa passion exultante
La Lady s'élance où meurt la lande, aux rivières
Seul à la proue fixé le crucifix, d'hier
Mêle la mystique à ton amour dans l'attente !
Dieu Sauveur, rémission d'un péché d'amoureuse !
Tu pries dans l'espérance où jamais ne se lasse
L'humaine nature, et son histoire est, hélas !
L'éternelle errance où meurt une malheureuse
Les nénuphars, les fleurs vont aux rives d'automne
Ce poème au tableau entrelace vraiment
Ses vers pour un tombeau des capricieux amants
Est délice d'une heure où l'indocile tonne
Le pasteur puritain, l'ennemi du peintre
Est un pâtre opérant dans les cœurs trop humains
Shalott existerait, que tentations demain
Séparent des époux en libérant leurs cintres
Belle Angleterre où joue Tennyson (1) de mots riches
Marâtre à tes corsets pour tes ladies flambantes
Tes voiles chatoient sur mers pour tes nefs probantes
De ta domination, mais les cœurs toujours trichent !
John William Waterhouse était-il symboliste (2) ?
Il puise à l'imago de confrérie défunte
La candeur végétale et la splendeur de feinte
Ses couleurs corolles sont d'un peintre analyste
Nos regards dévoyés par ces mages de charmes
Quand l'impressionnisme sa vérité scandait
Et ouvrait aux fauves la cage aux teintes, dais
Sous lequel ajourer la vraie couleur des larmes
Plainte éprouvée par peine est fixée si languide
Que l'art l'immobilise et trompe un spectateur
Triste, dans l'asile où son moi devient menteur
Et le met hors d'un monde où son rêve le guide
Puis la mort d'Avalon, des fées et des forêts
Dont ne surnagerait que chanson de dandy (3)
Retraçant une époque où trônait la Lady
Thatcher, non de Shalott, d'économiques rêts !
Les temps industriels effaçant le naguère
Pouvions-nous vivre en rêve un inconstant hiver ?
Lady of Shalott qui sent trop d'amours divers
Dans tes miroirs de Facebook pour univers !
Lady, ne te noie pas, tu joues très bien ton rôle
Ce dépit d'image figée est l'épi sage
D'où moissons reviennent pour le poète, page
À la traîne de reine, et servir bonheur frôle !
Lady, suis le cours d'eau toi jolie riveraine
Si ta peinture est morte en l'abstraction présente
L'amour n'est rien autre qu'il ne se représente
Tout l' art nous prend happés par folie souveraine !
(1) poète anglais, auteur de la ballade "The Lady of Shalott" dont s'inspire la toile ;
(2) mouvement pictural anglais du 19ème siècle ;
(3) allusion au chanteur Brian Ferry du groupe Roxy Music, auteur de la chanson "Avalon" en 1982, date du pouvoir de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Arts
Publié le 22/12/2018
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Un très beau poème, qui explique peut-être le visage étonnamment horrifié de la lady, quand tu évoques facebook et le sombre revers de la médaille technologie. Eaux troubles ou tranquilles ? Ce tableau est fascinant, et ton poème me parle tout autant. As-tu déjà songé à publier un livre de poèmes inspirés de tableaux ? Je suis certaine qu'il aurait un grand succès ! Peut-être pour 2019 ? Je l'espère, j'aimerais avoir un livre de la sorte dans ma bibliothèque :) Merci Georges pour ce moment de lecture savoureux |
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grêle |
Tu es un vrai Poète du XIXème ! | |
CRO-MAGNON |
Marine, merci beaucoup pour ton com où tu annonces un avenir probable, car oui, si je publie un recueil, je voudrais qu'il soit mi illustré, mi poésie sur l'art ou, en tout cas, des poèmes auprès desquels je puisse mettre des images, genre montagnes ou lacs miroirs dormants... Mais ça coûte cher, un tel projet, j'imagine ! Mais c'est mon rêve, effectivement. | |
jacou |
Olivier, je vais me faire cryogéniser sous peu, faire appel peut-être aux transhumanistes pour devenir immortel, car je veux être avant tout LE poète du 30ème s. (sans doute le dernier sous cette appellation, arff) ! Mdr... Vif merci à toi ! |
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jacou |
fascinant une beauté scripturale qui me touche amitiés:) | |
romantique |
Ce n'est pas qu'un simple écrit , c'est une véritable oeuvre poétique ! Un travail qui a réuni magistralement l'Histoire et l'Art par un lyrisme époustoufflant .Des connaissances si maitrisées en la matière qu'elles devraient figurer comme une riche référence auprès de chercheurs dans le domaine ... Merci à toi Georges pour cette exeptionnelle valeur de ton savoir faire ! |
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Yuba |
Je suis du même avis que Yuba, c'est une oeuvre poétique qui nécessite plusieurs lectures, l'intensité contemplative se mèle à une profonde admiration et nous embarque (dans tout les sens) avec vous. De plus les références citées font de nous des acteurs de notre lecture. J'ai regardé le tableau aprés chaques lectures et je suis épatée par votre manière de nous le livrer, votre vive émotion et même une grande sensualité. Merci pour votre poésie sensible, à fleur de peau et si particulière par ses détails jusqu'au bout du pinceau. Jacou peintre en poésie, historien de l'âme ? Je crois que oui. | |
Hypothese |
Sylvain, je suis ravi de votre commentaire, c'est le peintre qui m'a dicté la nécessité du poème. Amitiés :) | |
jacou |
Assia, merci pour ton enthousiasme, il est communicatif, toujours ! Devant me séparer d'un livret consacré au peintre Waterhouse, il m'a paru essentiel d'écrire un texte qui soit un hommage à son tableau sûrement le plus célèbre (mon livret n'avait que des reproductions noir et blanc, un comble, c'est pour ça que je m'en sépare). | |
jacou |
Hypothese, je vous remercie pour votre message démontrant votre engagement poétique, qui est également une éthique, vous lisez en faisant feu de tout bois, et vous devenez vos lectures. Je suis, je crois aussi, ce genre de lecteur. Gardez cet enthousiasme si précieux et si pur, comme j'essaie de le conserver aussi, car écrire et lire sont la même chose, finalement : je me nourris de ce que vous écrivez pour attiser la fumée de mon inspiration. C'est un tableau auquel je voulais rendre hommage, dont je me sépare presque à regret, n'était qu'il figure en noir et blanc (vous aurez remarqué la richesse des couleurs de cette toile) dans un petit livre, ce qui est une illustration gâchée. Je termine par un aveu : j'aurais aimé être peintre, mais je dessine comme un pied, alors j'utilise le pied en poésie...lol |
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jacou |
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