Théâtre de silence où s'angoissent des ombres
L'île est détachée sur un fond de ciel grisaille
La barque s'approche et porte un pèlerin sombre
Il n'accoste pas car des corneilles criaillent
Cisaillant l'étendue par leurs cris déchirants
De formes errantes cherchant l'incarnation
Dans la sphère spatiale où l'Eternel se rend
Clouer encor la croix figeant toutes nations
Le temps ne passe pas dans sa sévérité
Et les coups sourds confus qu'on frappe aux bas des portes
Sont pleins de ces miasmes empreints de vérité
Sur l'état d'outre-monde où meurt ce qui importe
Mais la mort est vaincue par un homme au matin
Qui se détourne enfin vers la femme opulente
Noyant sa douleur pure où s'entend le satin
D'un Satan serinant sa comptine brûlante
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Divers
Publié le 12/04/2020
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Commentaires
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Posté le 12/04/2020 à 17:07:44
Formes errantes comme des ombres angoissantes que vous avez su capter par votre plume, où il me semble que la figure éternelle de la mort se décline dans diverses visions que les civilisations ont eu d'elle. Notamment la vision de l'Antiquité avec la barque portant un pèlerin sombre qui me fait penser à une évocation du Styx, et, qui nous est plus familier, la vision chrétienne de la Résurrection, avec la présence de la Croix et la mort vaincue (comme cela est d'ailleurs écrit dans une épître de Saint Paul... si je ne me trompe pas, ce qui est tout à fait de l'ordre du possible). "L'état d'outre-monde", vraiment bien trouvé! Avec toute mon amitié :) |
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Matriochka |
Posté le 12/04/2020 à 18:15:23
Merci mille fois Matriochka d'avoir lu avec tant d'acuité mon poème. Oui, la mort circule parmi nous, nous fauchant au hasard. La 1ère strophe dessine "L'île des morts" du peintre Arnold Böcklin, si ce n'est que le pèlerin de la mort est vêtu sombrement , avec le passage du Styx où l'hésitant regimbe. La 2ème strophe, ce sont les "formes errantes" remplissant les enfers de Virgile, lorsque, dans l'Énéide, Énée descend dans l'Érèbe où il croise Achille gémissant. Puis, la crucifixion de Jésus au Golgotha, et Dieu qui pleure son Fils, éternellement. La 3ème strophe est celle de la grande Peste Noire qui ravagea le monde et l'Europe perdant la moitié de sa population au 14ème siècle, et la gravure du peintre Alfred Dürer, mais aussi un tableau de Böcklin à nouveau, dont les sujets sont "Les quatre cavaliers de l'Apocalypse". La dernière strophe est un pied-de-nez au Malin, parce que l'amour entre les êtres est le plus fort face aux grimaces mortelles. Voici ce que j'ai mis dans ce poème, me confirmant aux conseils de Rainer Maria Rilke, selon lequel la poésie demande toute une vie. Encore merci à vous, avec mon amitié très vive :) |
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jacou |
Posté le 12/04/2020 à 23:21:52
C'est un poème très profond, et ces références citées en commentaire sont riches, tu les as puisées dans le trésor de ton jardin intérieur luxuriant. J'aime me promener dans ton univers, je découvre de plus à chaque fois des poètes ou peintres qui te plaisent. Merci Georges pour tout cela... | |
Ombellune |
Posté le 13/04/2020 à 00:24:19
Ô le beau film fantastique ! Les images sont accrochantes dès le premier vers et on suit la lecture complètement suspendus aux effets spéciaux que nous livre ta plume envoûtante ...cette île célèbre que je reconnais par son tableau dont la beauté ténébreuse coupe le souffle ... Bravo et merci Georges pour ton imagination fructueuse qui sait nous emporter par la poésie dans la vie et ce qu'elle garde de meilleur pour nous comme l'amour... |
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Yuba |
Posté le 17/04/2020 à 06:21:01
Marine et Assia, je vous remercie pour tout toutes deux, mes amies :) | |
jacou |