Je suis au jardin où se délassent les Muses
Elles y ont, sous les pommiers chargés de fruits,
Comme autant de splendides femmes qui s'amusent,
Emerveillé mes sens et abattu ma nuit !

Elles me chantent dans le creux de l'oreille,
Des milliers de nouveaux mondes et mille soleils
Et, suspendue à leurs lèvres couleur vermeil
Je visite tous ces rêves sans sommeil.

Quand je m'éveillerai, aurai-je souvenir
De la beauté des cieux, du goût d'un fruit cueilli ?
Oh ! tout ce qu'elles me content entre les rires,
Les flammes incendiées de tous ces mots jaillis !

Je ne saurais le décrire, car seul reste
Dans le gouffre de mes paupières ouvertes,
Un arc-en-ciel de sensations qui s'éloignent
Déjà, rejoindre le jardin où les Muses règnent.

Jamais plus je ne me rendormirai, mes songes
N'étaient jusqu'à ce temps qu'agréables mensonges,
Il me faut à présent voguer vers l'éternel
Me remplir à foison de tendresses nouvelles !

Et peut-être que, au détour d'un sourire,
D'une âme qui pétille ou d'une vague qui s'ébroue
Sur le sable, à la lisière d'un monde fou
J'entendrais, dans le lointain, le son d'une lyre.

Et rejoindrais-je lors, tant rassasié des Muses,
Le cercle des arts qui m'appelle à contribuer
Avec pinceau, plume, et maintes apprises ruses,
À ce bonheur fou que je veux vous distribuer !

Eleidora et Jacou