Il est trop petit à ton goût cet univers
Où la forme banale est en cohue connue
Rien ne s'y renouvelle aussi nous allons vers
La pièce où tu caches de drôles de cornues
Tu veux des dahlias bleus soit il me faut te croire
Un horizon de feu serait mieux pour te plaire
Tu l'incendies t'aidant d'un vieux jeu de miroirs
Et de rêves mouvants tu vas nous remplir l'air
Aspires-tu encore à nous changer le monde
Je retrouve en toi mon vieux rêve communiste
Mais que le poète a transformé en plage blonde
Où sasser du sable un songe en artiste triste
Qu'avons-nous fait de nos vingt ans passés ensemble ?
La révolution s'est faite en mille lieux fastes
Sa lumière éblouie des contrées qui me semblent
Rougies de nuances sous leurs volcans si vastes
Comme le romancier Flaubert, sentimentale
Fût notre éducation, mais qu'avons-nous vécu ?
Des plans sur comète, des roses en pétales
Nous les avons fanés dans des vies de vaincus
La femme est belle et le rêve si émouvant
Nous avons apprécié les couchers les plus roses
Maintenant en nous le souffle éméché du vent
Mais le noir désormais nous rend bien plus moroses
Enlevant dans les deuils les amis qui s'éloignent
Et qui vont en tâter, paradis ou enfers
Importe peu ce lieu, nul de nous n'en témoigne
Où nous croyons poursuivre un vieux bilan d'affaires
Quitte ta cave et va regarder le soleil
Aucun élixir ne protège de la mort
Nous n'avons qu'un bref temps, oublions les merveilles
Sachons contempler ce que rien ne remémore
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 10/05/2019
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Déjà le titre est superbe ! Puis j'entame plutôt qu'une lecture , un voyage dans les vers où chacun est une station qui veut en dire sur son émotion emmagasinée et qui laisse d'autres exaltations non assouvies en suspens...le temps avait pris les temps de les sédimenter que je souhaite ou devine leur délivrance sur d'autres chemins poétiques à venir, d'autres plages blondes ... la troisième strophe me parle beaucoup, car m'est revenue la classe de philo en terminale avec les deux philosophes qui m'avaient le plus marquée à l'époque ; Aristote et Marx ... Mille mercis et bravos Georges , pour cette poésie qui va dans mes favoris car j'aurai besoin d'encore la méditer et peut être même d'ajouter d'autres idées au présent commentaire ! :) |
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Yuba |
Nostalgique et réaliste à la fois .... | |
eric |
Assia, merci pour ton enthousiasme qui me donne et perpétue cette envie d'écrire ! Ce poème est une évasion, non en dehors du monde, mais au cœur de celui-ci, et également une évasion dans mes souvenirs du passé. Les rêves de ces personnages ont été les miens, deux ou trois philosophes m'ont guidé sur des chemins politiques, puis le réel a fini par s'imposer, réel dont au début je n'étais pas l'ami, car je le trouvais trop dur, mais par le biais des arts j'ai trouvé comment m'entendre avec lui. La poésie est la vocation à tenter de dire la simple réalité imagée, je dirais légèrement embellie. | |
jacou |
Éric, merci beaucoup parce que tu as tout à fait bien senti le motif de ce texte, qui mêle nostalgie d'autres temps utopiques et réalisme d'aujourd'hui, maintenant que les années m'ont rendu plus lucide et peut-être plus sage (ce dernier point, j'en doute). | |
jacou |