Mon agonie vêtue de son pourpoint d'écume
L'océan soulevé en orage éphémère
J'affronte la rose au poing le sort qui m'inhume
Aux séjours des néants d'où nous tirent les mères !
Je suis un gringalet taillé pour l'aventure
Un grigou sachant se faire passer pour chef
C'est facile après tout de prévoir les futurs
Marins de mon équipage en buvant des Leffe !
Je les biture assez pour qu'ils montent à bord
Puis souquez ferme les camarades d'enclaves !
Noyez vos péchés dans l'ardeur, dernier effort
Pour être sauvés devant les dieux qui nous savent !
Moi je suis un damné qui court sous les tempêtes
On me dit hollandais puis je n'ai plus de dents
Mais un collier de crocs de chats me ceint la tête
Pour vous serrer la pince un crochet évident !
Car sinon que serais-je d'autre qu'un pirate ?
Vous me voyez volant dévastant l'équipage
De ces trois-mâts royaux que jamais je ne rate
Il me faut des enfants pour en faire des pages !
Souquez moussaillons d'eau douce et vous serez libres !
Je vous relâcherai sur une île candide
Dont le noir peuple fier de fraternité vibre
L'îlot de la Tortue dresse un rocher splendide !
Espagnols, Portugais, Anglais, Français me coursent
Vils trafiquant d'hommes détrousseurs des trésors !
Je suis un commerçant grand amateur de bourses
Mais je réserve à mes mousses les plus doux sorts !
Je les veux inviter aux lagons bleus des atolls
Dans cette mer immense où se noient les soleils
Où la baleine entonne un chant dont les paroles
Murmurent dans l'ouïe des choraux de merveilles !
On le dit pacifique et moi j'y fais ma guerre
Je naufrage un empire en m'emparant d'un port
Je suis sot je suis sale et je n'ai pas de père
Mais ceux que j'enlève j'en fais des hommes forts !
Je me sais condamné à mourir à l'ouvrage
Sur les mers démontées où je poursuis ma vie
Condamné maintes fois car colérique en rage
Mon aspect de gros rat à nul ne fait envie !
Mes péchés nombreux sont que j'enlève des hommes
Mais leurs vies dans les ports sont bien trop condamnables
Ne me jugez pas vite au sortir de vos sommes
Il est des époques où nul ne semble aimable !
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Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 19/05/2019
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Une histoire de pirate qui me rappelle celles que je lisais petite, merci Jacou, j'ai bien aimé me replonger dans cet univers! |
fee-de-ble  |
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Quelle belle imagination! C'est une véritable évasion dans ce milieu de mâles , la magie de la lecture n'a pas fait que me transporter au gré du vent faisant surfer l'embacation sur les vagues ,mais j'ai eu droit aux odeurs du grand large et à quelques embruns au visage ...merci et grand bravo pour cette écriture Georges ,aux impressionnants effets spéciaux et à la singularité émotionnelle de la dernière strophe ! |
| Yuba |
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Je ne me lasse pas de tes histoires que je lis comme on lit un roman de nouvelles, les rimes en prime ! Merci beaucoup pour cette évasion quotidienne. Ma chance : j’ai plein de poèmes en retard à découvrir 💝 |
| jorocophael |
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Fée, merci vivement pour ton message car je suis content d'égayer en poésie un récit aventureux, de tramer des vers en forme d'histoires avec des clins d'œil, c'est un péché mignon ! |
jacou  |
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Assia, je te remercie pour ton enthousiasme : tu as la mer devant tes yeux, moi elle est dans ma tête comme une tempête pour mon pirate qui est un sacré, je devrais même dire satané pécheur ! Je ne sais même pas si il sait pêcher, par contre lol... |
| jacou |
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Josiane, grand merci à toi ! Tu as mille fois raison : je finis par ne plus savoir si j'écris des poèmes en vers, disons classiques avec leurs alexandrins et leurs rimes, ou bien si je rédige des histoires, bien souvent. Je fais un amalgame des deux types de récits, en fait. Prends soin de toi 😻 |
| jacou |
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