Fauves feuilles bruissant dans la forêt profonde
Un héros attiré s'enfonce au coeur des arbres
Il a quitté la cour et les us qui la fondent
Qui sont d'avoir blessure au cœur mais corps de marbre
Galaad a frémi par deux fois d'entrevoir
L'avide et vivace vouivre si vorace
L'abri des bois brisés par la bête, et savoir
Le monstre proche... Ô son coeur bat sous la cuirasse !
Lancelot chevalier lance au ciel un autour
D'un essor au soleil ondoyant les collines
Il est de Galaad le père, et tourne autour
De lui la souveraine à la peau opaline
Suivant des yeux le grand faucon qui prend essor
Il tremble d'émotion pour le roi britannique
Qui le laurant l'élut mais lui jetait un sort
Comme fée des forêts fait son art fantastique
Gauvain son ennemi observe cette scène
Il sait tous les secrets qu'un sorcier lui consacre
Les yeux fous, la bouche hâve, un grand tourment obscène
L'engage à désirer Guenièvre, saveur âcre
Le chasseur en lui-même est, pour sa proie, rapide
Joueur invétéré, escomptant des secondes
Le bonheur de l'instant, il fait de son coeur vide
Tambour tympanisant la tristesse du monde
Perceval a prévu cette si longue absence
Et le harnachement qu'il met à son cheval
Il l'a pensé depuis le temps de sa naissance
Quittant enfin la Cour, chevauchant outre val
Il fut enfant pleurant l'antan qui lent nous saigne
Toute fleur d'ancolie a sa saison d'automne
Sa vie était d'un vide ô vil voleur d'enseignes
Et des blasons aux tournois guignés, monotone.
Arthur devient soucieux, cette quête du Graal
Attestait entêtée des chevaliers la fièvre
D'obtenir à jamais la jouvence intégrale
De l'Homme sur la Croix dont on perça la plèvre
Toute quête insensée obscurcit les vieux jours
Arrachant du roc l'épée Excalibur, ombre
Dans sa mémoire aussi, ce dragon de toujours
Dont il débarrassa les contrées des décombres
Merlin d'un mélomane a le coeur enchanteur
Un choeur en sa prison sont maintes fioles folles
Tout a son prix, remède ou serment des menteurs !
Pas de sentiments, mais sarments ou bien folioles !
Toute herbe est bonne à prendre, et, respirant tout air
Voyant forés trophées dans l'offre forestière
Il rapporte sa plante en remerciant la Terre
D'être, avant que vers nous mangent, là toute entière !
Frémissant royaume qu'orne la Table Ronde
Dite taillée d'un roc par un divin sculpteur
C'est qu'auprès du lac bleu, Viviane, belle Dame
A quitté ses atours, nageant avec lenteur
Elle, dont les pierres ont poli la peau blanche
Qu'elle soit un rubis, améthyste, émeraude
Est reine du plus grand domaine, de ses hanches
Amour parfum des fleurs dont l'effluve au loin rôde
Tristan sorti du bois, il quitte la Lyonnesse
Un pays inquiétant s'étend aux bords du monde
Qu'il lui faudra franchir, et pour qu'Yseut renaisse...
Puis dans l'hiver cessant, rame sa nef sur l'onde
Or, Camelot attend le chevalier le meilleur
D'un duel où Lancelot est forcé de paraître
Deux guêpes tout armées de dards font des frayeurs
Aux dames pour qui ces hommes sont de ces êtres
Lohengrin regrette que Perceval son père
Quitte une fête qui n'a pas de fin, Royaume
Attirant de partout des âmes sans repères
Pour l'heure il est valide au tournoi sous son heaume
Puis il va disparaître en la grotte des cygnes
Ces créatures des atours des dieux les preuves
Glissant floconneux sur le lac qui l'assigne
Don majestueux de la vie berçant des fleuves
Mordred mord l'édredon de sa dernière passe
Bouscule la femme partageant ses délices
Pauvre putain brunie dont le derrière passe
Pour légende en ces lieux de durs clients complices
Mordred l'immortel, le rusé, le bien trop rustre
Qui fût mis au ban de Table en des heurts divers
Rien n'est appris, il cherche à vaincre, après des lustres
Un Roi trop fier dont les rides signent l'hiver
Morgane est fée que la forêt désillusionne
Elle se fait l'effet d'être femme si folle
Dont les charmes très doux dons du hasard fonctionnent
Parce qu'elle contrait Viviane en des paroles
Elle est jeune fille, que ses vieux parents trop tristes
Offraient à des loups qui sont meute de tueurs
Dévorante ameutée sous les futaies des pistes
À donner de ces repas sont sombres lueurs...
Le paysage est bon qui vit dans des mémoires
Pays sage où l'envie à la Cour s'apprivoise
La Terre Gaste accueille, aux vrais reflets des moires
Un peuple en repos buvant nectars et cervoises
Paysans moissonnant les blés, bête à l'étable
Tout fredonne en accords si purs le bonheur d'être
Depuis qu'Arthur a pris les rênes de sa Table
Un Livre d'Heures dorées orne ses fenêtres
Le dragon dont jadis s'apeurait pour ses flammes
Est mort, et les trolls et puis les gobelins craignent
À la tombée du jour, des chevaliers les lames
Les soirées fraîchissent sur ce souverain règne
Tel homme rentre auprès de sa femme à plus d'heures
Souffle entre ses doigts gourds pour que le feu reprenne
Ils feront bien l'Amour qui n'a remords d'erreurs
Ce Roi promettait pour les enfants ses étrennes
Et, vers les bois s'enfuit loin des chasseurs la biche
Un arbre sombre a trou pour hibou qu'il abrite
Des témoins pour l'homme que toute terre est friche
Ne l'accueillant qu'un Jour, dont la Vie passe vite
Les Chevaliers partant à l'appel de la Quête
Le Graal est légendaire, en chaque homme est recel
La promesse oubliée qui jamais ne l'inquiète
Sa Mort au dernier élixir qu'Elle ensorcelle !
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 27/08/2020
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Ouf, grandiose épopée qu'aurait sûrement appréciée Chrétien de Troyes, la quête du Graal l'instar de la mythologie grecque fait partie de notre patrimoine sans cesse revisité, du drame à l'humour (je pense ici au Monty Python et à la série Kamelott à l'humour décapant...), merci de déposer ici une nouvelle version en grande fresque! | |
Banniange |
Ce magnifique travail poétique donne envie de se plonger dans les livres de la table ronde. J'adore comme tu as décrit ce cercle magique, c'est un favori, merci Georges | |
creature |
Impressionnante lecture ! Où les légendes guerrières tiennent têtes à d'autres sorcières... Les images sont mieux adaptées que dans un film à une production entière... Grand bravo pour ce travail Georges , les sonorités sont les autres valeurs qui illuminent de poésie l'ensemble...un favori ! |
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Yuba |
Un poème épique que vous avez su tirer de ces légendes du Roi Arthur et de ses Chevaliers de la Table Ronde, très bien documenté et dont vous faites vraiment revivre les personnages par un langage et des images riches. Il se trouve que je me suis longtemps passionnée pour ces légendes arthuriennes, ayant même tenté quelque lecture de Chrétien de Troyes... en français réactualisé, heureusement! Alors merci beaucoup pour cette épopée poétique que je glisse sans plus attendre en mes favoris. Avec toute la vivacité de mon amitié :) |
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Matriochka |
Bonsoir, Wouh ! que dire ! Quel Travail, et quelle Lecture ! Je vais entrer en Forêt de Brocéliande et construire des Tables où chaque Personnage contera ses Histoires .. Magnifique ! Lys.. |
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Lys-Clea |