On voit qu'aux berges des fleuves s'accroche l'herbe
Tandis qu'emportées, des barques bercent, sur l'eau
Des couples enlacés, homme et femme superbes
Qu'on a vus déjeuner, échangeant des cadeaux

Les peintres qui ont présenté ces jolies toiles
Cherchaient le pittoresque et à dépeindre un temps
Armés de patience ils tutoyaient les étoiles
Pour saisir de la période un seul, bref instant

Car la coulisse de l'Histoire est plus terrifiante
Tandis que les peintres amendaient le réel
Des enfants de neuf ans trimaient, sales de fiente
Au fond de mines de charbon, vers la Moselle

Et leurs mères muettes aussi, sans aucun droit
Soumises aux mâles, à l'Etat, aux fabriques
Seule une classe aux rangs clairsemés, les bourgeois
Pouvaient canoter à l'aise, en la République

Puis des combats vinrent installer l'équité
La fraternité fit son œuvre au sein des âmes
La nation se trouva unie, en liberté
Seuls nos peintres sentirent le Chemin des Dames

L'Ere industrielle fut dure envers les hommes
Les créateurs puissants et les masses plièrent
Mais les faits s'amplifiaient aux couleurs de leurs sommes
De leurs rêves d'égalité est née notre ère.