Il est une heure unique à l'approche du soir
Où tout est suspendu dans l'azur et sur terre
Où la couleur du ciel varie du bleu au noir,
Quand descend dans le coeur la certitude amère

De la mort d'un beau jour que rien ne renouvelle.
Depuis le clair matin nous quêtions les nouvelles
Impatients de laisser fuir les heures du jour
Dont nous savons pourtant qu'elles succèdent toujours.

Et chaque nouvelle qui nous dit la vie même
Ou la mort d'un être est pour nous un poème
Tant il faut s'accrocher aux moindres incidents
Qui rythment les moments formels de l'occident.

La mort d'un jour que jamais on ne reverra
Se marque à l'horloge de nos vies d'un tel heurt
Qu'affamés nous offrons nos rêves à ce roi :
La nuit perçant le jour en prolonge les heures.

Et c'est enfin en rêve où les couleurs s'emmêlent
Qu'un sang irrigué fait sentir le nouveau jour :
C'est dans nos veines ardentes que tout se mêle
Pour que vienne un matin murmurant nos amours.