Mélancolie versant son cortège de larmes
Dans l'homme angoissé qui vit constantes alarmes
Bords de tes eaux pures condamnant à des pleurs
Sur la mort des saules et sapins comme fleurs
Romantisme ami dont les châteaux gothiques
Meurent le long du Rhin dans leurs ruines étiques
Tes lumières sont torches remplaçant les cierges
D'églises désertées, lucioles sur les berges
Où le voyageur d'âme descend en prières
Et de toile et de chant et de vers sent les sphères
Où se rêvant livré au théâtre des nuits
Il donne comme on joue sa vie tissée d'ennuis
Ce décor lui est un monde accueillant sa peine
Où vivre plus heureux d'une mémoire pleine
D'étoiles scintillées au dais de la mémoire
Et du bleu de ces fleurs que Nuit étoffe moire
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N. B. :
Novalis (1772-1801) est le poète allemand romantique à qui l'on doit le récit devenu cliché sur la "fleur bleue" dans son roman "Heinrich von Ofterdingen, mais on lui doit surtout son chef-d'œuvre du recueil des "Hymnes à la Nuit".
Caspar David Friedrich est un peintre allemand de la même époque romantique dont voici l'une des toiles nommée "Utterwalder Grund" :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Caspar_David_Friedrich_-_Uttewalder_Grund.jpg
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P. S. :
« …Et la fervente, la Nuit, vient, pleine d'étoiles et, sans doute, peu soucieuse de nous, / Resplendit l'étonnante, l'étrangère parmi les hommes, / Au-dessus des montagnes, triste et magnifique… » (Friedrich Hölderlin, « Pain et Vin / Brot und Wein », auteur également du poème qui est son chef-d'œuvre « En BLEU adorable fleurit… »)
« Désormais, je parlerai toutes les nuits. À moi-même. À la lune. Je marcherai, comme je l'ai fait ce soir, jalouse de ma solitude, dans le BLEU argenté de la lune glaciale, (…). Je me parle à moi-même en contemplant les arbres sombres, (…). Je me promène en parlant à la lune… » (Sylvia Plath)
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Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Nature
Publié le 05/09/2021
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Commentaires
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Posté le 05/09/2021 à 12:05:32
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Absolument magnifique !!! Je me suis retrouvée dans ce décor avec un réel plaisir en favori Merci de ta poésie et d'en faire découvrir tes inspirations |
Lucyline  |
Posté le 05/09/2021 à 15:04:56
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Je te remercie pour ton commentaire Lucyline, j'aime les rencontres possibles ou imaginaires des artistes qui convergent ensemble sans savoir où ils vont, mais travaillent à faire prendre conscience de la beauté d'un simple regard jetant innocemment parmi le monde les filets de son admiration. Admirer c'est vivre dans un tableau animé, au centre des choses les meilleures à ressentir qui affinent l'âme et font se sentir meilleur soi-même et donc justifié (tout pécheur que je suis...) J'ai adoré trouver des affinités entre Novalis et Hölderlin, qui se sont rencontrés une fois en poètes, et également avec Friedrich qui était de la même génération en Allemagne, et enfin Sylvia Plath s'est ralliée autour du mot "bleu", ce "bleu" sombre de la nuit, ce "bleu adorable" du plus intense poème que je connaisse et qui est le début d'un hymne de Hölderlin que j'ai noté sous mon poème. |
jacou  |
Posté le 05/09/2021 à 17:11:46
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Novalis et Friedrich, deux des grandes figures du romantisme allemand en poésie et peinture, que tu as réunies dans un poème tout à fait empreint de l'expression particulière à ce courant littéraire et artistique. Un poème qui me ramène à pas mal d'années en arrière, où j'étudiai à l'université le romantisme littéraire allemand au cours de mon cursus dans la langue de Goethe. Quant à ton évocation du Rhin et de ses châteaux gothiques, elle me ramène le long des berge de ce fleuve, où il y a tant à découvrir, à visiter. J'ai cru comprendre, grâce à d'autres de tes poèmes, que tu étais très sensible au courant romantique, et tu sais lui rendre un véritable hommage par tes vers. Merci beaucoup pour ce partage et pour les citations de Friedrich Hölderlin et Sylvia Plath. Avec mon amitié toute vive :) |
| Matriochka |
Posté le 05/09/2021 à 23:33:41
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Bonsoir Jacou, Bravo .. Favori !! Bel Hommage que tu rends là !! Peinture magique : ce Clair de Lune, ces Hauts Sapins, cette Rivière, cette petite Silhouette .. Tableau sombre, mais qui attire le Regard .. Et comme Tu dis, un simple Regard nous apporte tant .. que de Merveilles peut-on découvrir, apprécier, aimer .. Un Tableau, comme un Poème se regarde longuement.. à chaque Regard, nous y verrons une Chose Nouvelle, il faut savoir en prendre le Temps .. :) Le Poème de Friedrich : en Bleu adorable : waouh ! à Lire, relire .. Merci pour tout cela .. Amitié, LyS .. :) |
| Lys-Clea |
Posté le 06/09/2021 à 03:35:11
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Matriochka, je te remercie beaucoup beaucoup, de m'apprendre des éléments de ton passé que je trouve excellents et enviables : oh comme j'aurais aimé étudier le romantisme littéraire allemand, expression la plus haute selon moi du potentiel qu'à l'Homme de remercier les Dieux ou la Nature de l'offrande de beauté que reçoit notre séjour sur la Terre dans notre existence soumise au malheur comme au bonheur. Cette expression d'ampleur magnifique, où le Sublime défini par le philosophe Burke dans le sillage de Kant, aux alentours de la Révolution française, s'invite tellement bien à travers paysages et grands sentiments, cette expression qui se déploya dans la peinture et dans la poésie de manière dominante était avant tout allemande, même s'il y a un romantisme germanique en fait, puisque les Britanniques y ont eu part également, avec les soeurs Brontë et Keats et Wordsworth et Coleridge et Füssli et Constable et les peintres anglo-américains John Martin et Thomas Cole, etc, et puis la France également reçut ce bel impact avec Chateaubriand et Nodier et Delacroix (marqué par Constable tout comme Turner voisinant avec le même Constable dans une exposition)... Mais les Allemands seuls ont allié les sentiments de la Forêt et du Nocturne qui les innervent d'abord, cliché que j'ai sans doute en rapport avec l'antique Germanie des Romains repoussés à l'époque de Claude des forêts germaniques et où ils posèrent légende d'ombres terribles de la sauvagerie ayant élu séjour parmi les ténèbres germaniques (Romains peuple du soleil méditerranéen qui n'ont pas transformé la défaite face aux Zélotes, puis la victoire face aux Hébreux à Massada et en Judée, en mythe de rencontre surhumaine mais en l'avanie due à l'impréparation par exemple, et je souris de penser que ces Romains rasant Jérusalem et dispersant les Juifs se convertiront gagnés à la miséricorde de Jésus, victoire au final de la spiritualité juive). Ce romantisme allemand est pour moi au niveau, suprême, qu'ont atteint les périodes de l'Humanisme à la Renaissance et des Lumières au 18ème siècle, ces expressions intellectuelles et artistiques qui sont les plus hautes et les meilleures expressions par l'Europe de ses capacités à s'expliquer et à dévoiler l'univers pour l'adorer d'abord religieusement, puis le comprendre scientifiquement, enfin malheureusement pour le soumettre techniquement (mais l'admiration est au préalable, dont témoignent toute la peinture depuis la fin du Moyen Âge, car enfin les paysages étaient-ils si nécessaires en fonds de tableaux religieux, mythologiques et surtout des simples portraits comme est celui de la Joconde ?...) Le romantisme d'Allemagne exacerbe les passions humaines pour les mettre au niveau de la Nature qui s'exprime en beauté mais aussi en rage des tempêtes et n'est pas à l'échelle humaine avec ses montagnes et ses vastes forêts, et pourtant il nous faut l'habiter. Les lieux d'Allemagne ont aidé pour les paysages imprimant décors généraux, les temps également qui voyaient contemporains un Novalis et un Friedrich, un Hölderlin et un Carus, un Kleist et un Von Arnim, une Brentano et les Grimm, etc... Enfin, l' esprit germanique est plus sensible au fantastique, à l'imaginaire, au rêve incarnés sur toiles et portés aux pages, tant les Anglais comme les Allemands ont excellé dans les domaines fantastiques jusqu'au États-Unis de fondation britannique, et dans la fantasy et dans le conte. Les Latins n'ont pas même dispositions, ils privilégient la clarté solaire et l'exposition lumineuse. Mais ce vague des pensées d'Allemagne, assez voisin du "vague des passions" en France à même époque chez Rousseau dans son "Héloïse", comme il fût beau ! Comme il enchanta ma fin d'adolescence par mille de ses trésors découverts avec joies ! Ce romantisme allemand qui me donne cette joie de lire et relire Hölderlin ou de contempler régulièrement Caspar David Friedrich, je le découvrais à 16 ans en me passionnant pour le Surréalisme, qui découle du romantisme dont il suit les principes et grandes lignes : goût du Rêve, esthétique de la Surprise remplaçant le Sublime autre élément de surprise, et célébration de la Femme qui est la part d'eux où les hommes installent leur rivalité avec la nature dans la réalisation de la Beauté qui doit agrémenter et alléger notre séjour sur terre. Car le Romantisme est un défi porté à hauteur des dieux que pose l'homme, et dont découla le recul de la Religion à la Renaissance humaniste et au 18ème siècle libertin (entendu au sens philosophique). Mais comme je suis croyant, la part grande de ferveur me fait adorer le romantisme comme j'ai aimé le surréalisme (Julien Gracq est romantique dans "Au château d'Argol", André Breton l'est dans sa vie tout court adonnée à la merveille suscitée par le hasard sans y chercher prise ni compréhension, ainsi se détournant de Descartes le tuteur intellectuel des Français, Aragon même dans "Aurélien"...) Georges Gusdorf (sa somme sur le romantisme) et Paul Bénichou (sa somme à lui en 3 tomes du "Temps des mages"), et l'anthologie chronologique sur les écrivains et les poètes romantiques, allemands et français, rassemblée par Albert Béguin, et qui est si riche de par ses présentations très complètes de tant d'auteurs, de Lichtenberg à Nodier et à cent autres, tous ses ouvrages ont nourri et alimenté la passion et l'enthousiasme que j'ai pour le mouvement romantique, expression suprême sublimant le séjour des hommes sur la Terre en cherchant l'h'harmonie avec elle et en vouant au témoignage des dieux le conservatoire des créations humaines un remerciement sans borne pour la beauté de ce monde donné à la naissance. Peintres et poètes honorent cela. Avec ma très vive amitié pour toi :) |
| jacou |
Posté le 06/09/2021 à 04:21:07
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Claire, j'ai bonheur à te lire, parce que ton enthousiasme semblable au mien t'a portée jusqu'aux éléments et aux détails du tableau qui sont légion des plaisirs à voir et à entrevoir dans les paysages peints de lune et d'arbres et de courts d'eaux, il t'a même menée à lire le poème de Hölderlin qui était un élément non approfondi de mes notes (dont je craignais l'abondance et l'aspect tentant d'enjoliver mon poème en l'installant dans un cadre plein de références flatteuses), ce poème dont le titre restitue le tout premier vers, et qui est l'admirable "En bleu adorable..." où la beauté des formules de vers est continuelle, et dont les traducteurs diverses me font opter à citer la meilleure traduction faite par un vrai poète français (André du Bouchet) pour un collègue allemand, car je relirai toujours des termes voisinant et si beaux, tels "la Fervente...la Nuit...Aimerais-je être une comète...elles sont pareilles à l'enfant, et surtout oh surtout la fin du poème avec cette formule : " Vivre est une mort et mourir est une vie"... Waouh est moi aussi ma formule pour ce Romantisme allemand qui est l'Amour une fois descendu parmi les hommes pour ce bonheur si vif de savourer la Beauté admirable des formes esthétiques : poésie et peinture louant la Nature (paysages et femmes aussi bien et les hommes mêmes qui sont beaux quand ils deviennent des héros chez Kleist par exemple...). Merci à toi ! Amitié. |
| jacou |
Posté le 06/09/2021 à 04:49:21
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Lucyline, Matriochka et Claire, je vous signale en vous le conseillant une comédie française intitulée "Perdrix" avec Swann Arlaud. Au menu, il y a les Vosges, une gendarmerie, des nudistes : alors "Mon gendarme à Besançon chez les nudistes" d'un graveleux comique ?... Mais alors que nenni : plutôt, ce film contient en son centre un joyau de pur et de vrai romantisme d'une durée de 15 minutes, où le héros principal et gendarme pour séduire la femme de son coeur enflammé lui récite un des hymnes à la Nuit de Novalis au bord d'un ruisseau serpentant dans un écrin de sapins dans la nuit ! Le réalisateur et scénariste sait ce qu'est vraiment le romantisme et sait aussi le mettre en scène idéalement, et respecte tout le reste aussi bien (les nudistes sont des naturistes qui lisent dans la forêt vosgienne adossés aux arbres ou assis sur des troncs, les gendarmes y sont fins psychologues et non force de répression aveugle, etc). Le bonheur d'un dimanche quand j'ai vu ce film il y a quelques mois, dont seul un portrait sur Arte de Hölderlin m'avait donné en 2004 un aperçu possible sous forme filmée du déploiement esthétique conjugué par les romantiques alliant sources et pentes, monts et chênes, passions d'amours des c?urs et nobles défis des rivaux en toutes choses qui font les grands sentiments où nous nous sentons vivre au-dessus de nous...et bien sûr la Poésie !!! PERDRIX !!! https://images.app.goo.gl/UFg7geDJHvaiZNm28 |
| jacou |
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