"La potion était amère et je bus d'un trait
J'en avais grand besoin après tous mes tourments
Je devais oublier tout ce que j'avais fait
Ce que je vis soit ma damnation du moment !
Les gouffres putrides où j'ai porté mes pas
Ce semblant d'un monde auprès duquel le vrai nôtre
N'est que la face révulsée d'un gant de soie...
Je ne pouvais songer qu'il exista des Autres !
Tout ce qui se dit de par la mythologie
Les légendes, trésors des veilles populaires
Tout ce qu'on croit créé pour la peur des logis
Je l'ai vu ! Mes yeux ont vu ces monstres d'hier !
Le vautour prenant son essor en haut des cimes
L'ours patibulaire arrachant le bras d'un homme
Sont des créatures de Dieu, mais les abîmes
Cachent des choses qui font tomber dans les pommes !
Je ne saurais peindre ces horreurs des enfers
Les peintres comme Bosch ou Goya ont raison
La veille est pire que le sommeil pour les nerfs
Et la raison sombre en découvrant l'horizon !
Les gouffres des grottes où je grelotte toujours vif
Les caniveaux de ville où dévalent les eaux
Ces égouts sont à fermer, c'est impératif !
La scansion du tonnerre qui vrille un cerveau...
Ils m'ont mis à l'hospice en ne me croyant pas
Seigneur ! J'ai pourtant tout découvert des mystères
De ce qu'on nous cache depuis mille ans de ça
Il y a un complot pour repeupler la Terre !"
*
Le docteur Freud rentrait dans son bureau de Vienne
Après des arguties avec de bons confrères
Lorsqu'on apprit ce cas de folie souveraine
Il touchait un membre de la famille altière
Il fut appelé, fit son diagnostic, pria
Pour le repos de l'homme, et son âme damnée
Ce prince avait des choses à confesser, ah !
L'esprit de Freud avait été tourneboulé...
Bien des années plus tard, rejoignant l'Angleterre
Chassé par les nazis, Freud s'installa en ville
Frémissant au récit de Jack l'Éventreur, fer
De lance aux contes de Sherlock, ce vrai civil
Ce détective égal à lui, traquant ses proies
Le savant progresse en connaissances immondes...
Ce soir, Freud tremble dans son bureau. Il a froid
Il n'a jamais vu sa cave, où dort tout l'immonde...
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Pensée
Publié le 17/10/2020
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Pauvre Sigmund ! mais que sont devenus ses chow-chow ? et qu'allait-il faire dans sa cave le malheureux ? parlons des autres comme de nous . |
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justine |
Merci Justine pour tes lignes de grand prix. Freud a révélé le "malaise dans la civilisation", venu des caves de l'âme si près des égouts, et qui allaient submerger l'Europe de haine après lui, mort en 1939, durant la Seconde Guerre atroce plus encore que la Première. Freud est un maître que je révère, même s'il n'a pas toujours raison de fouiller dans les souterrains, depuis l'adolescence où je le découvris dans le sillage des surréalistes, André Breton ayant tenu à le rencontrer en personne. Ses vues étaient sombres mais utiles pour l'âme de l'homme et pour la création aussi bien. Je trinque avec toi pour un bon samedi. |
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jacou |
à la tienne! oui Freud m'a fort appris dans mes lectures sur la connaissance de soi, les rêves etc et bien que mon psy fût yungien nous en parlions, ce dernier psy que j'ai soigné pendant 30 ans s'est suicidé en 2016 car il a perdu sa femme il m'avait demandé en cadeau mes Lagarde et Michard, adorait mes poèmes et avait plein de projets pour la retraite il m'a laissé ses boules de Qi Qong j'ai appris sa mort en voulant l'informer pour Bob . |
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justine |
tu vois là tu pars toujours de toi pour aller vers l'universel et moi je fais le contraire j'essaie, je pars de l'universel pour revenir vers moi en général .comme faisant partie du tout . | |
justine |
Tu as le secret des poèmes qui font frissonner, Georges! Surtout quand le propos se base sur la réalité qui sait se montrer aussi dure, aussi cruelle que l'imagination, quand ce n'est pas plus. Sigmund Freud reste le maître incontesté de la psychanalyse, qui ouvrit la voie à une nouvelle compréhension de certains troubles, quand à son époque on continuait à enfermer massivement les gens "différents" à l'asile, qu'on les mettait de côté pour soi-disant les soigner mais en réalité en aggravant ainsi leurs troubles. Merci beaucoup pour cette évocation de l'inventeur de la psychanalyse moderne, qui croise en tes mots les personnages célèbres que sont Jack l'Eventreur et Sherlock Holmes. Avec mon amitié vive :) |
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Matriochka |
Justine, tchin tchin ! Je te remercie pour ce que tu me dis de cette vie qui est tienne, que je sais passionnante puisque tu es passionnée. Tu as eu un bel échange avec cet homme amoureux qui n'a pas pu survivre à la perte de l'amour. C'est beau, les êtres passionnés, ils mènent des vies déchirantes, que je respecte profondément comme je respecte, au vrai, tous les gens excessifs, trop ceci ou trop cela... Tu as raison pour ta remarque suivante : je pars de moi, c'est ma vanité qui prélude à mon ouverture au monde, dont j'essaie de tirer à moi les richesses qui me sont accessibles. Freud, Jung, demandent à ce qu'on soit lucide sur soi. Bonne soirée à toi, Justine. |
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jacou |
Matriochka, merci vif à toi ! Tu soulignes ma passion prononcée pour le domaine du fantastique, qui traite de la réalité sous un biais hallucinatoire pour mieux nous en dénoncer les traits sombres ou incertains. L'épouvante donne du sel à ma vie, trop paisible sans cela, d'autant plus que mon goût cérébral pour la philosophie et l'histoire aurait pu faire de moi un individu tranquille, n'étaient que j'ai des démons intérieurs qui me rongent à chasser ! Catharsis de l'horreur, à l'égal du tragique grec antique ! Avec ma bien vive amitié :) |
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jacou |
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