L'errance solitaire a conduit ma dérive
Vers ce coin oublié du quartier du Vieux Port
La friche industrielle, aujourd'hui - ô qui vive ? -
Abandonnée tel on délaisse même un mort
C'est un cimetière assez marin à l'approche
La ferraille y rouille au soleil, cruel vainqueur
Qui teinte de dorure un métal plutôt moche
Je récite un vers de Valéry pour mon coeur
Ces quartiers sordides s'étalent auprès des villes
Qui n'ont pas eu de chance, et leurs vieilles dépouilles
Attirent marginaux, et la meute incivile
Nourrissant sa haine et cherchant toujours les pouilles
Je récite en mon âme un vers de Reverdy
L'après-midi finit, un toit de tuile luit
Allumant çà et là des couleurs d'incendie
Il reste encore bien des heures avant la nuit
Je m'ennuie et mes pas vont en marivaudant
D'un mariage secret avec cette cité
Je ne suis qu'un passant, un dernier descendant
De tous ceux qui furent, habitants d'un seul été
Les immeubles rosés sont souvent défraîchis
Du linge y pend ainsi que le lierre s'accroche
Les murs résonnent en creux de propos réfléchis
J'habite ici depuis que j'ai perdu mes proches
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Poésie
Publié le 19/05/2017
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Un de tes meilleurs textes ! | |
CRO-MAGNON |
Je te remercie pour ton commentaire, je suis content qu'il t'ait plu, ce texte empreint de mélancolie urbaine. | |
jacou |
J'aime beaucoup le rythme, la mélodie de ce poème. A chanter | |
grêle |
Un reflet très réaliste de certains quartiers des grandes villes. J'ai aimé malgré le coté triste du poème. | |
TANGO |
Merci Grele pour votre message sympathique. | |
jacou |
Merci TANGO pour ce commentaire : la tristesse est diffuse, elle se tient en des lieux que nous parcourons parfois les yeux fermés afin de ne pas trop les voir. Tout dépend aussi de notre mélancolie intérieure, aussi, pour appréhender ces lieux déshérités. | |
jacou |
Jacou j'aime ce poème qui est empreint de tristesse mais c'est une réalité que de nombreuses personnes refusent de regarder en face | |
roserose |
Merci à vous Roserose pour votre message. Et vous avez bien raison : il y a des réalités que nous nous efforçons de fuir, de peur d'y être confrontés à nous-mêmes d'abord... | |
jacou |
J'ai bien aimé l'atmosphère de ton poème Jacou. Je t'imagines bien, toi, le mélancolique errant dans ce vieux quartier en train de baragouiner des vers... j'aurais eu tendance à penser en te croisant peut-être... "il est pas bien celui-là" lol Bravo pour ce beau poème en tout cas ! | |
suane |
Merci à toi, Suane, pour ce commentaire inspiré et imaginatif. Oui, il y a quelque chose de fou, et que nous partageons tous, à se vouloir poète, même poète à ses heures, et j'espère qu'à mon heure dernière, dans cent mille ans d'ici, je saurais trépasser en poète, donc en fou, donc en récitant quelques vers bien à-propos ! Sinon, j'aime en effet les vieux quartiers, les coins abandonnés, reflets physiques que ma mélancolie sait apprécier... |
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jacou |
J'ai l'impression d'être dans un train à regarder par la fenêtre les images qui défilent et que décrit "les coulisses " d'une ville...je peux prendre mon cahier et crayon pour une trace en mots indélebiles...merci Georges ! | |
Yuba |
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