Je m'assoirai un peu auprès de l'aciérie
Songeant à la série funeste d'accidents
Qui la firent fermer, ses ouvriers péris
Venus de la Syrie, migrés en Occident

J'aurai mon livre aimé sur l'ancienne Assyrie
La soierie achetée pour ta fête ma belle
Et le sérieux soleil qui longtemps m'a souri
Fera son tour dans le ciel, sa ronde sérielle

Désormais essoré, reposé de la marche
Je sourirai frileux au beau champ de lavande
Si rien ne vient troubler l'eau limpide sous l'arche
Je m'hisserai jusqu'au pont dominant la lande

Je m'immiscerai en songe aux côtés des âmes
De ces hommes morts qui, fantômes ulcérés
N'ont plus patrie ni sol pour reposer, quidams
Assyriens cerclés d'acier en série serrés