Marin perdu de mère embarquant sur les mers
Je vais dans l'Antarctique étudier les climats
J'embarque avec moi mes souvenirs éphémères
Nulle femme infamie mon âme est en frimas !
Un phare rouillé se dresse près du rivage
Qu'un homme négligent gouverne à sa mesure
Je mets de l'ordre et le réveille ayant mon âge
Mais ses traits vieillis me démontrent son usure
Nous sommes dès la nuit par des monstres traqués
C'est l'accueil de cette île aux voyageurs amers
Qui se délient de tout dès qu'ils ont accosté
Refuge au phare et nous fermons la porte en fer !
Le métal ploie sous les assauts des créatures
Disparaissant quand vient le jour poser sa charge
Aux sables gris des bords d'où jaillit l'aventure
Ce côtoiement d'êtres dissemblables au large
Un monstre bleu turquoise épelant nos deux noms
Qui s'est rallié à nous est d'aspect féminin
Son truchement nourrit entre nous des passions
Il a des crocs d'acier mais le regard humain
Le trouble nous a pris quand ses yeux nous dévorent
Elle est vorace et serait-elle anthropophage ?
Sa horde d'origine déploie bien des efforts
Afin de tenter de nous capturer aux plages !
L'île est volcanique et située au bout du monde
Le charme du monstre bleu a voulu qu'on la nomme
« Aneris » entre nous, mais son odeur immonde
De serpent froid la tient éloignée de l'autre homme
Pourtant, je sens pour elle une passion qui naît
D'être seul en cette île avec lui et puis elle
Le plus humain des deux n'est pas celui qui sait
Mais celle qui regarde avec des yeux fidèles
Chacun de mes gestes d'homme bien solitaire
Sur cette terre où de loin des canons gémissent
L'Europe se tue car nos rois veulent la guerre
La civilisation se meurt où des corbeaux frémissent
En déchiquetant des corps abandonnés nus
Je préfère mon monstre aux désirs pacifiques
À la fureur humaine aux instincts devenus fous
Je sens sourdre un futur aux accents méphitiques
Alors je laisserai la horde entrer au phare
S'ils tuent mon compagnon ce sera pour venger
Les morts qu'il leur fait quand il tire au hasard
Sur leurs cohortes sans fin venant patauger
Devant cette tour que l'homme a dressé si loin
L'amour m'est né pour ce petit monstre étranger
Je suis un misanthrope et je n'ai plus de soin
Pour l'espèce mienne en raison de son danger
Fuyons ! Allons courir nus et nager dans l'onde
John Keats tes vers seront aliments pour mes soirs
Sous les lunes brillant dans des nuits si profondes
Aneris sera là pour raconter l'histoire
À ses semblables de l'homme qu'elle a connu
Je suis fou mais alors la vie me fût donnée
J'en fais ce que je veux le moment est venu
D'aller plonger au gouffre où tantôt je renais !
(D'après le film « Cold skin » de Xavier Gens, adapté du roman fantastique espagnol « La Peau froide »)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 16/02/2020
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"Le plus humain des deux n'est pas celui qui sait Mais celle qui regarde avec des yeux fidèles " Magnifique |
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Zigzag |
fascinant terrorisant écrit avec une plume acerbe j'ai apprécié ce moment de lecture amitiés:) | |
romantique |
C'est un sublime moment de lecture que j'apprecie à sa juste valeur, qui m'a certes,parfois renvoyé des images terribles mais qui est d'une richesse et d'une excellence à n'en pas douter. Merci | |
angeleyes |
Un texte magnifique ! Et qui procure des frissons et du froid au dos...un plaisir de lecture que j'ai dévalé à haute voix pour embarquer sur cette vague angoissante...je relis d'ailleurs en te remerciant Georges de me faire découvrir cette oeuvre que je ne connaissais pas ...j'espère trouver le film complet sur le net ! |
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Yuba |
Un poème qui donne envie de voir le film et de lire le livre ! Les vers sont puissants et portent le désespoir de l'espèce humaine qui voit à quel point elle est sa propre ruine et celle de la planète. Il est tellement fantastique, ce poème, il a de tels "super-pouvoirs", qu'au moment où je poste mon comm, tous les avatars de ceux qui sont passés ici avant moi ont été comme engloutis dans l'océan déchaîné qui entoure cette île du bout du monde ! Allez le monstre, sois sympa, rends les avatars, STP :) Bravo, Georges, pour votre plume toujours aussi inspirée ! |
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Ombrefeuille |
Chouette ! Les avatars sont revenus ! Merci, le monstre :))) |
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Ombrefeuille |
Bonsoir, Excellent Résumé sous des Vers fabuleusement composés de ce roman fantastique .. Bravo ! Lys-Clea |
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Lys-Clea |
J'avoue ne pas avoir lu le livre, ni vu le film, mais votre poème m'a littéralement emportée dans cet univers marin fantasmagorique, où j'ai frémis à la lecture de plus d'un vers. Mon imagination se met à galoper aussi vite que les vagues, et je vois en mon esprit se dessiner une île volcanique, au beau milieu de l'océan, battue par les vents, surmonté d'un phare subissant l'assaut des eaux furieuses, où vivent, en une étrange relation et retirés du monde, un vieil homme et son monstre bleu et froid au regard humain. Merci beaucoup pour ce partage aux allures de conte fantastique, avec toute mon amitié :) |
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Matriochka |
Merci pour la découverte Georges, tu as très sensiblement mis en vers les émotions et les frissons du film et du livre. Je vais me renseigner aussi, belle soirée ! | |
Ombellune |
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