"The Color out of space"
Il y eut des printemps nimbés de fins ciels roses
Carrosses d'aurores dorées comme étendards
Puis les airs bleus d'étés furent striés de choses
Qu'on estima d'abord être des oeuvres d'art
Elles avaient couleurs des aubes boréales
Descendues des cercles arctiques vers nos cieux
C'étaient des diamants verts dispersant l'idéal
Lumineuses lignes aux tracés si gracieux
Nos regards scintillaient allumant des éclairs
C'étaient trop d'éclats pour des yeux d'êtres terrestres
Les sciences s'occupant à sonder l'atmosphère
Désillusion fût le mot car c'était là peste !
La couleur tombée du ciel* est un monstre mort
Il gît, putréfié, en cerclant du corps la Terre
Répandant ses miasmes sur le globe qu'il mord
Et tue par microbes toutes vies ordinaires !
(*"La couleur tombée du ciel" est le titre d'une nouvelle de l'écrivain fantastique Howard Philips Lovecraft)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 13/09/2020
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Terrible histoire que celle-ci! Je ne connais pas ce roman mais ton poème donne envie de le lire. Comme quoi la beauté n'est pas gage de pureté et elle peut renfermer en elle le mal absolu capable de tuer et détruire. Le diable souvent montré hideux sait se masquer sous les ors changeants de notre sens du beau. Le contraire doit être vrai aussi! | |
eliosir |
Oui, Eliosir, le mal souvent revêt des atours splendides, puis diffuse son venin et enclenche sa malédiction, d'où tant de drames à peindre sur les tréteaux du théâtre, où les masques tombent ! Mais notre sens du beau fondamentalement ne peut pas être trompé, bien heureusement : notre intuition, notre perception ne manquent pas de distinguer le vrai du feint, et le diable est toujours déçu à la fin, de ses manigances. Si le diable existe, du reste ? Je croirais plus tôt qu'il représente notre part maudite, notre volonté inconsciente de faire mal, venu des secrets démons intérieurs de l'enfance (nous avons tant de petites mesquineries contre nous à venger, venues de nos enfances)... Vieillir en sagesse, c'est oublier cela, et se dépasser soi-même en allant vers les autres fragiles êtres. J'ai connu la beauté des âmes, reflétée sur des visages et dans des corps, ou bien dans des esprits intelligents et intéressants, c'est assez pour chasser les petits diables. Merci à toi. | |
jacou |
Hommage métaphorique à ce génie de la littérature fantastique qui à travers sa galerie de monstres ne fait que personnifier ceux, bien réels, qui gisent en nos profondeurs abyssales, de bien belles images jacou! | |
Banniange |
Passer par l'aspect du beau est souvent une stratégie du Mal , dont il use de manière mensongère pour attaquer... Mais c'est sans compter sur notre intuition , comme tu dis pour démasquer le complot ... Bravo Georges , pour ce poème qui resume la nouvelle avec ton talent habituel ( la nouvelle est telechargeable sur le net , moi j'ai vu son adaptation en film , une video de France Culture , disponible aussi) |
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Yuba |
L'image des aurores boréales m'a beaucoup parlé, car ces phénomènes splendides sont en fait de violentes attaques (le vent solaire qui met le champ magnétique terrestre à rude épreuve). Je rejoins Yuba dans son observation très juste quant à la tactique de l'esprit du Mal de se déguiser en "ange de lumière" pour nous séduire et nous tromper. Je crains que notre intuition soit en rade. Votre écriture puissante dit à la perfection à la fois la force des aurores boréales et le chaos de cette lutte immémoriale entre le Bien et le Mal, une lutte dont nous sommes l'enjeu. |
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Ombrefeuille |
Banniange, tu dis vrai, et ainsi la littérature fantastique sert également à guérir notre peur fondamentale de l'inconnu qui sommeille en nous, et hors de nous, que nous côtoyons. Purger ce mal incompréhensible est une fonction. Aussi, à l'ère des réseaux sociaux diffusant tant de haine par leur vecteur d'irresponsabilité, ce mal est très agissant quoique inoffensif pour l'essentiel, chacun de nous peut en être porteur, le canaliser peut être alors une solution. Par exemple, Lovecraft, qui était profondément raciste (il faut voir les horreurs qu'il écrivait à propos des populations noires ou des Sémites, et qui apparaît par bribes dans au moins trois de ses nouvelles), s'est servi de son malaise racial pour dépeindre l'horreur que lui causait l'Autre, le tout autre. Il est diffusé en ce moment une série en France, intitulée "Lovecraft Country", qui utilise ce thème justement, le racisme de Lovecraft, en mettant en scène une famille afro-américaine dans l'univers VRAIMENT monstrueux de Lovecraft. Bonne soirée, poète ! |
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jacou |
Assia, vif merci à toi ! C'est vrai que, grâce à France Culture, grâce à YouTube également et surtout, plein d'extraits de Lovecraft, une multitude de nouvelles, d'illustrations de son œuvre, des biographies et des présentations sont disponibles ! Comme je l'indique dans mon com à Banniange, il existe en France actuellement une série diffusée à la télévision, qui met en rapport la vie réelle des afro-américains dans les années 1930, avec les créations imaginaires basées sur ses phobies essentiellement raciales, de Lovecraft. Comme pour Céline, il est difficile de séparer absolument l'auteur de son œuvre, l'une est trop nourrie de l'autre. L'écrivain Michel Houellebecq, dans un court essai biographique, présentait Lovecraft comme un fruit de son temps : il est difficile d'échapper à son époque, sauf à se vouloir absolument conscient. | |
jacou |
Ombrefeuille, les drames durent des siècles, quand ils prennent la dimension de l'univers et de l'immémorial. Nous y insérer, les hommes, c'est notre fardeau, de prendre part nous aussi à l'entropie, à la mort des ères et au voilement de la lumière. Fourmi, je suis admiratif de l'ordre du monde, mais il est basé sur l'équilibre instable entre la matière qui se repose et l'énergie qui brûle, constamment. Les auteurs de science-fiction prospectent cet univers qui se passe de nous. Les auteurs de fantastique, eux, descendent au fond de nous pour questionner nos peurs face à l'univers qui pourrait parfaitement se passer de notre présence. Raison pour laquelle je les préfère, à lire. J'ai eu peur de la folie durant toute ma jeunesse, celle qui vient avec l'incompréhension des choses mortelles et qui renaissent et qui remeurent inlassablement, et l'usage du fantastique m'a servi à accepter cette déréliction. De la mort, on peut revenir. C'est là un paradoxe, mais la religion m'a offert d'y souscrire, tardivement. Et l'art, finalement, a concilié mes incompréhensions face à l'ordre du monde : Notre-Dame est un ouvrage à la fois religieux, fantastique, et artistique, dressé au cœur d'une cité qui ne l'aperçoit plus. Mais combien la joie de l'élever fut grande, ainsi de rendre à Dieu témoignage de ses capacités de fourmis humaines, et d'y sculpter en outre, des gargouilles et des démons, pour l'utilité et pour témoigner du malin. Ce malin déposé en chacun de nous, j'ai pour ma part à l'étouffer par la contemplation et la compréhension du sensible, meilleures protections contre le règne du mal. Joris-Karl Huysmans m'ayant montré la voie, jadis, de la guérison par l'admiration. Bonne soirée. |
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jacou |
Bonjour Jacou, magnifique poème, on se perdrait dans ton ciel de boréales et milles éclats pour les mirettes :: Jolie partage mon ami Jacou Une belle journée qui t'attend sous le soleil radieux Isadorable |
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Isadorable |
Bonjour Isadorable ! Je te remercie pour tes encouragements, la journée est ensoleillée à souhait, il fait chaud pour la mi-septembre sur Paris, où je travaille et près de laquelle je vis ! Belle après-midi pour toi, mon amie et bonne soirée aussi :) |
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jacou |
Un poème qui se pare d'abord des plus belles teintes que le ciel peut nous offrir pour nous emmener ensuite vers une noirceur angoissante. J'aime beaucoup la façon dont vous avez orchestré ce decrescendo de la couleur vers l'obscurité, comme si on passait de la lumière vitale à l'ombre du tombeau. Et une fois de plus (décidément, ça devient une habitude, chez moi), j'y vois comme une allégorie, cette fois de la présence de l'humanité sur terre, de cette recherche de tout expliquer, de tout comprendre, spécifique au genre humain. Car si les sciences m'intéressent beaucoup (même si je n'y comprends pas grand chose), je me demande parfois où tout ça pourrait aller et nous mener... Ceci dit, il faut peut-être tout bonnement que j'arrête de me poser trop de questions! Lol! Merci beaucoup à vous pour cet instant fantastico-poétique entre lumière et ombre, j'ai vraiment apprécié. En toute vive amitié :) |
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Matriochka |
Merci beaucoup Matriochka, votre message est si riche que j'en grande envie de discuter avec vous, tant il est bon de connaître de bons compagnons. Je dirais seulement que la science, que Lovecraft portait en très haute estime, amateur d'astronomie et ne croyant pas un instant à un quelconque occultisme qui parfois nourrit la littérature fantastique, que la science nous a humanisé, un peu paradoxalement. C'est à l'époque des Lumières et des grands voyages d'explorations autour du monde des Humboldt ou des Cook et La Pérouse, que les philosophes français ont rédigé L'encyclopédie, réservoir des savoirs humains de leur époque, et c'est par l'entremise de ces Diderot, d'Alembert, La Mettrie, etc, que la science a connu son vif essor à partir de leur siècle, avec en renfort un Buffon, qui a permis de sortir des illusions, voire des billevesées entretenues par l'Église d'alors. La science est une bonne chose, comme tout...entre de bonnes mains ! Avec ma grande amitié :) |
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jacou |
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