L'au-delà c'est ici, l'enfer nous accompagne
Derrière les murs gîtent des monstres bavants
Je ne me risque jamais avec ma compagne
À sortir certains soirs de brouillard éprouvants
Ils sont tapis delà le seuil de la maison
La griffe accroche la porte et la fait grincer
Plus d'un de mes voisins a perdu la raison
Il est des choses qu'il faut bien laisser passer
Nous ne savons plus quand ils nous ont envahis
Le délitement s'est peu à peu fait béance
Ils ont bravé nos yeux de leurs faces haïes
Pour l'espoir c'est fini, nous n'avons plus créance
Ils sont une armée en marche vers le grand Nord
Leurs haillons pendant salement, ces cancrelats
Tueraient d'un regard, s'ils la voyaient, ma Lénore
Armons-nous de machettes, car la guerre est là
On les appelle des migrants venant du Sud
Ils ont accaparé l'Europe avec leurs pattes
Aucun obstacle ne les arrête, ils exsudent
Misère et meurtre, fi ! Qu'alors on on les abatte !
Dédié à l'écrivain d'horreurs Lovecraft, au sombre Lovecraft, et à l'un de ses biographes, Michel Houellebecq.
L'écrivain français d'extrême-droite Jean Raspail à publié autrefois (1973) "Le Camp des Saints", selon la tournure que j'utilise ici.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 14/09/2020
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Un discours que ne renieraient pas les Salvini, Orban et autre Wilders, Lovecraft n'aurait jamais eu autant de partisans! Mais comme l'avait suggéré le penseur hors norme Philippe Muray dans sa diatribe "Cher Djihadistes...", pas besoin de barbares pour nous détruire, notre propre barbarie suffit largement! | |
Banniange |
Je te remercie Banniange pour ton commentaire très juste. Lutter contre l'inhumanité rampante qui peut s'emparer de chacun d'entre nous, c'est rester conscient que nous sommes tous porteurs de haine, que nous exprimons en mode mineur ça et là, quelquefois, tiraillés. Mais qui sait où nous trouverait un bouleversement majeur de nos conditions d'existence ? De quel côté ? Je préfère m'interroger afin de demeurer vigilant quant à moi-même, et la littérature fantastique peut servir à dénoncer les discours haineux, aussi bien qu'une condamnation morale, en mettant en évidence les ressorts qu'emploie la haine pour s'exprimer. Il suffit d'un déplacement de termes et d'expressions, après tout. Les Orban ont la facilité pour eux, nous ne sommes pas sortis de l'auberge. La haine se porte bien, ici et ailleurs. C'est l'intelligence des situations qui est le combat à mener maintenant. Salvini et Wilders peuvent être éjectés lors d'élections, la preuve... |
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jacou |
Le parallèle entre les monstres et l'immigration est gonflé mais effectivement, la littérature donne à réfléchir, à s'interroger sur nous-même. Ce qui est clair et facile en période de paix devient bien plus compliqué à appréhender en période troublée. Une chose est sûre pourtant, c'est que les porteurs de haine en période de paix changent rarement de bord en période de guerre. | |
eliosir |
Merci Eliosir pour ton avis précieux : en effet il est délicat de faire servir l'imaginaire à des fins de prêche nauséeux. J'ai réalisé ici, si je puis dire, le fantasme de Lovecraft, qui utilisait sa phobie réelle pour écrire de l'irréel. Pourtant, en tant qu'admirateur de ses effets, je me suis toujours demandé ce qui fonctionnait en moi pour que j'accepte, sans trop d'esprit critique, ses écrits en bloc. Ce texte noue mon amour des monstres et ma détestation de la haine ethnique, dangereuse car l'on sait où cela conduit, invariablement, à la guerre dont tu parles, et dont elle est l'un des conditionnements dans les temps troublés. | |
jacou |
Voilà qui fait frissonner et qui donne plutôt envie de se terrer chez soi, en effet, car par la qualité de votre plume, cette évocation est littéralement glaçante! Ceci dit, au-delà de cette première impression, vous soulevez le douloureux problème de la migration, qui a souvent agité le monde, et l'agite encore! Personnellement, je ne comprends pas qu'on puisse avoir peur de la différence, ne sommes-nous d'abord pas tous des êtres humains? Mais bon, je dis ça, moi... j'en suis en partie issue, de la migration! De plus, votre poème me fait tout à fait penser à ce que se passe actuellement sur l'Ile de Lesbos, après cet incendie qui a mis les migrants qui y vivaient (dans d'épouvantables conditions) à la rue. Vos mots ont donc une résonance toute actuelle! Merci beaucoup pour ce partage qui, partant du monde du fantastique, rejoignent la réalité dans son implacable dureté. En toute vive amitié :) |
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Matriochka |
Matriochka, je vous remercie, car vous sachant issue d'une migration, comme environ 14 millions de Français (parmi eux, Francesco Gabrielli, dit Francis Cabrel, par exemple), je craignais de vous choquer un peu, en relation avec votre histoire et votre vie. Mais les esprits comme vous savent nuancer ce qu'ils lisent, et ne sont pas arrêtés par les scories inhérentes à certains sujets. Ici, j'ai mis en scène la haine raciste telle qu'elle s'exprime sur certains réseaux sociaux, sur ceux dévolus à un certain courant politique. Je viens de lire un essai qu'a rédigé un historien contre un journaliste qui se prétend historien lui-même et se répand partout, invité par toute une clique collaboratrice. Je ne le nomme pas. Mais ses propos sont à la source de mon texte publié ce jour, cet individu ayant clairement appelé à la déportation de certains immigrés. Étant moi-même en partie issu d'une migration par mon père, je suis choqué que ce personnage pourtant puni par la loi pour ce propos est table ouverte dans nombre de journaux et sur nombre de plateaux de télévision. Ma vive amitié pour vous :) |
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jacou |
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