Tu me dis que la peur est bonne conseillère
Je ne saurais entrer dans ce sombre château
Sans trembler à l'idée que je vais en enfer
Rejoindre les morts déjà montés à l'assaut
La forteresse a dressé dans le ciel d'hiver
Sa haute et massive tour où flamboie le feu
Ses murs crénelés ont l'épaisseur de leurs pierres
Et le pont-levis est bardé de mille épieux
Tu me dis que la grive a chanté tout l'été
Est morte à l'automne, et que la rivière coule
Puis se noie dans la mer, et que la société
Engendre des monstres pires que mille goules !
Je vais sans haine combattre les gobelins
Les orques et les trolls réfugiés dans leur gîte
Ce château pavoisé de bannières de lin
N'est qu'une étape dans la quête qui m'habite
L'homme est la bête bien connue dans les combats
Frères d'armes... Je me retournerai contre eux !
Je prendrai parti des monstres pour ce débat
Qui suivra la prise du château tant précieux !
Les camps qui renferment les pauvres gobelins
Sont ce que l'homme a inventé de pire au monde
On y meurt par milliers, en craignant son destin
Homme ou monstre...? Je sais qui est le moins immonde !
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Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 21/10/2020
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Commentaires
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Posté le 21/10/2020 à 09:59:11
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Très belle critique des processus de ghettoïsation et de déshumanisation dont sont victimes certains Hommes, assimilés à des monstres. Si bien écrit que transporter on se laisse. Ma lecture est peut-être audacieuse mais cette idée m'est venue. Merci Jacou |
Vermeil  |
Posté le 21/10/2020 à 12:36:33
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Je sais aussi qui est le moins immonde ! c'est un magnifique poème où le combat pour la délivrance de ce château, est un véritable défi à la peur et une courageuse expédition humaine . J'aime particulièrement : Tu me dis que la grive a chanté tout l'été Est morte à l'automne, et que la rivière coule Puis se noie dans la mer, et que la société Engendre des monstres pires que mille goules ! Merci et bravo Georges pour cette lecture poétique à la dimension héroïque ! |
Yuba  |
Posté le 21/10/2020 à 18:45:06
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le château de la reine blanche ? dire le moins immonde est une terrible expression nous ne savons plus désigner le plus humain de l'homme ou du monstre |
| justine |
Posté le 21/10/2020 à 21:28:43
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Bonsoir Jacou , bravo pour ce poème et si réelle parfois !! Une douce soirée . Isadorable |
| Isadorable |
Posté le 22/10/2020 à 04:22:53
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Vermeil, merci pour votre compréhension. Votre lecture est la bonne, savez-vous. Les monstres sont désignés à la vindicte, régulièrement, et l'on retranche alors une partie de la communauté, tenue pour bouc émissaire à sacrifier aux mânes d'un dieu Moloch qui broie ses enfants, de loin en loin dans le temps. La communauté juive a souvent été la victime de ce phénomène. La haine des meilleurs est, aussi, ancrée en nous, les meilleurs nous forçant à nous redéfinir, régulièrement, par rapport à leurs innovations, sociales par exemple, ou artistiques. Nous voulons avant tout le calme, même plat. |
| jacou |
Posté le 22/10/2020 à 04:30:30
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Assia, merci pour ton message. La société abrite des monstres parmi elle. C'est naturel. Tout le monde regarde dans la même direction, mais pas avec les mêmes yeux, et parmi nous existent des prédateurs. Les tueurs en série sont une de nos incarnations vigoureuses dans l'ordre de l'assassinat considéré comme un bel art, pour parler comme Oscar Wilde. Privilège des seuls humains. Nous sommes si héroïques ! Tu as bien raison. L'héroïsme est d'avoir conscience pleinement de nos instincts, quelquefois vicieux, à l'égard de nos prochains. Comme disait Kurtz : "Tuez les tous !" (dans le roman de Joseph Conrad, "Au Cœur des ténèbres"). C'est parole de vérité, que pour vivre, nous souhaitons parfois prendre la place des autres, et leur arracher leurs maigres biens. |
| jacou |
Posté le 22/10/2020 à 04:39:33
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Justine, je te remercie pour tes lignes. S'il n'était création imaginaire, le monstre serait notre "semblable, notre frère". Un Jack l'Éventreur (chirurgien), un Jeffrey Dahmer (cannibale), un Michel Fourniret (assassin de jeunes filles) ne sont pas des monstres, juste nous, en pire. Nos instincts moteurs ont une part de haine, heureusement nous apprenons vite à les discipliner, et devenons les hommes et les femmes que nous sommes. Mais tous ne peuvent pas accéder à la plénitude d'être. Alors, sont des violents. Je préfère, tant qu'à faire, les monstres de mon monde fantastique, monde parallèle où je croise des gobelins, des trolls et Casimir, le dinosaure gentil de mon enfance. Le monstre est une image de l'homme. Sa part maudite, pour parler selon Georges Bataille. Sa part retranchée de la communauté. |
| jacou |
Posté le 22/10/2020 à 04:42:52
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Isadorable, merci pour vos mots. Le réel nous foudroie plus d'une fois. Et, par éclairs, nous distinguons la vérité de ce monde, cruelle aussi bien que séduisante. À nous de nous y faire une place. En acceptant ses paradoxes, la bonté au milieu de la cruauté. Je vous souhaite une belle journée. |
| jacou |
Posté le 22/10/2020 à 17:03:27
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Un poème qui, sous des accents fantastiques, cache une réflexion sans fard et sans faux-semblants sur l'humanité, et c'est assez souvent que la réalité se montre bien plus cruelle (ô combien!) que l'imagination. L'homme peut effectivement être un monstre, et des plus ignobles, comme nous venons hélas de le constater une fois encore (après déjà de trop nombreuses) par un assassinat des plus barbares. Et puis il y a ceux qui tentent de faire briller la lumière, de tendre toujours vers le meilleur, et d'aller vers le haut, comme en poésie, par exemple ;-) Merci beaucoup, mon cher Georges, pour ce partage d'une grande intensité de fond et de forme. Avec ma vive amitié pour toi :) |
| Matriochka |
Posté le 25/10/2020 à 02:05:58
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Merci Matriochka, je préfère pour ma part les monstres imaginaires que les romans et surtout le cinéma nous prodiguent, à certains hommes qui font étalage d'une monstruosité sans bornes. Mon goût pour l'épouvante et le fantastique et l'horreur est en somme un retrait momentané du réel, je m'y ressource en effarements légers pour affronter plus froidement, après, la réalité. Une sorte de catharsis, sans doute. Avec toute mon amitié :) |
| jacou |
Commentaires
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