Je savais que la chose avait peu d'autre cible
Que moi (donc je pressais Suzanne et les enfants
De s'enfuir en forêt (évitant l'irascible
Monstre qui nous chassait comme on le fait des faons
(Je prenais ainsi sur moi la noblesse humaine
Qui est de réfléchir puis d'enchaîner les actes
(Aussi, de ne fléchir jamais face à la haine
(Et dans ces conditions la famille est un pacte
(Je dirais sans détour que les proches sont tout,
Qu'une vie se conçoit en donnant le meilleur,
Mon rôle de père est de sacrifier partout
Le confort que j'apporte et d'aider au bonheur)))))
La bête intensément fumait de crocs hargneux
Bondissant, son mufle plein de grasse salive
Elle songeait à son repas (mon sort) copieux
Or j'étais soulagé que les miens dès lors vivent
Quand soudain, trébuchant, je roulais dans les feuilles,
Après plusieurs tonneaux je levais ma carcasse
(Cherchant des yeux la branche où préparer l'accueil
À grand coups de massue jusqu'à ce qu'elle casse)
La créature fut sur moi dans un instant,
C'était trop tard, j'allais périr tel un idiot
(Cette idée d'aller se promener par tous temps !)
Mais la bête, tout apeurée, parut un chiot !
Derrière elle, il y eut des cris, venant des hommes,
Des « Taïaut ! » et des « Sus ! », ainsi qu'un court « Ta gueule ! »,
Le monstre était chassé, je m'étais cru, en somme
Cible alors que j'étais pris dans un jeu, qu'eux seuls
Les chasseurs, maîtrisaient (j'étais plutôt l'appât !)
Au-delà de la meute humaine était Suzanne
Le troupeau dépassa ma toise d'un bon pas
Je les ignorais, ne pensant qu'à Tom et Anne !
Heureusement le sort les avait épargnés
(Un hibou les avait guidés perdus dans l'ombre
À l'abri d'un second monstre à tête rognée
Par les dents de son grand compagnon, bien plus sombre)
Ils couraient donc vers nous, en criant à tue-tête
Leur aventure à nulle autre pareille, au vrai
(Ce jour verra mourir le couple des deux bêtes,
Leur troupe paie, la mienne est sauve, aux dieux livrée…)
(Je remercie le poète Raymond Roussel pour l'usage des parenthèses, « Sus ! » est ancien cri de chasseur comme « Taïaut ! »)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 17/05/2021
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La chaine alimentaire n'est qu'une boucle fermée, il n'y a point de sommet. Prédateur un jour, proie un autre, la roue tourne (grands prédateurs que nous nous croyions être, terrassés par un virus minable). Ravi de t'avoir relu cher ami en tout cas, c'est toujours un grand plaisir. | |
eliosir |
Bonsoir .. Quelle AVENTURE ! Mais rien d'anodin sous ces Vers, notre Grande Plume lâche , non pas ses Chiens, mais des Pensées à méditer .. Amitié, LyS .. |
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Lys-Clea |
Des vers écrits avec talent qui font froid dans le dos. Un moment de lecture qui marque les souvenirs. Merci, Georges, pour ce merveilleux partage. Amitié Daniel |
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lefebvre |