Je voulais en rire, de mes lubies diverses,
Ce fil de soie faisant sa toile dans ma tête ;
Mais tel un chagrin de pluie que les larmes versent,
Je laissais cascader les revers et les fêtes.
Et je n'avais rien eu dans ces vues qui s'abîment
Pour me guider à l'estime au long de l'espace,
Précipité dans les vertigineux abîmes,
Quand se mélangeaient les lieux et les temps qui passent.
Or je ne savais pas, et ces brusques images
Déconcertaient ma vie, je les trouvais d'un autre,
Qui par télépathie me rendrait en hommage
Ce qui était partagé dans ce qui fût nôtre.
Car ce n'était pas moi qui gîtais en moi-même
Mais peut-être le monde ou bien toute une époque.
Si je n'étais pas seul et pas même en tandem,
C'est que toute une foule habitait sous ma toque.
Telle agitée partout en tableau de Breughel
Dans ses quatre saisons et ses centaines d'êtres,
Je me dépeignais en frisant l'excès de gueules,
Perdu sans visage et ne voulant me paraître.
Les réincarnations se teintaient, suggestives,
Mais je n'avais pas convié la métaphysique
Au secours de l'idée d'une vie si festive,
L'observant s'écouler d'un oeil fort excentrique.
Comme en pop-art, j'étais sérigraphié en mille
Et pas un de mes moi n'était tout à fait nul,
Quoique terne, inerte, informe et même un peu vil ;
J'avais donc su me fondre en prenant du recul.
Mais où passaient l'orgueil et cet homme essentiel ?
Sacrifié sur l'autel des foules vagabondes,
Ses os bougeaient encore et sa peau sous le ciel
Avait l'éclat pâli qu'émet l'étoile blonde.
J'étais par habitude un homme ami des doubles
Qui en toute attitude avait le geste leste,
Et ceux-ci m'essayant jetaient de bien beaux troubles
Dans les cils des folles ou me tendaient des vestes.
Tout me réussissait aperçu sous cet angle,
L'ubiquité seyait qui donnait ces vies fortes
Mais ces rêves sans vrai goût de grappes étranglent
À la longue, et vous rendent à cette vie qu'on porte,
La seule moins odieuse, à bout de bras, qui lacent ;
Celle qui reverdit l'éclat de vrais médailles
Des souvenirs acquis en nos seins qui s'effacent,
Mais ont le ton du marbre et non celui d'émail.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Social
Publié le 24/05/2015
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l'Ibiquité un don qui fascine. le sujet est traité ici de façon magistrale... | |
pat |
Merci pour la lecture et le commentaire ! | |
jacou |
Quel texte ....habité de plusieurs moi ! Difficile de s'y retrouver dans tous ces locataires ayant pour gite le même corps avec des envies de vies différentes ( combien en rêve de pouvoir avoir ce don !)excellente lecture | |
Pieds-enVERS |
Merci chère poétesse ! | |
jacou |
Une sonorité incroyable. Merci. | |
AlfredNedar |
Merci pour le commentaire ! | |
jacou |
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