Des jours entiers tu sers la bière au fond du bar
Confident des amours et de bien des départs
Ton zinc est triste comme un lendemain de fête
Quand le soir apparaît reviennent les défaites
L'alcool coule à pleins jets pour les alcolos rudes
Le genièvre est plus fin et régale un vrai prude
Tu fais ton service, parfois fermant les yeux
Sur des révélations de plaisirs capricieux
Le désir en ces lieux est las de ces délires
Et l'au delà du dire est un délit de la lyre
L'alcool rend poète un instant dans le temps
Très tenté par ce qui tinte au zinc, tu attends
L'alcolo qui a la colique a fait des vers
Sur un coquelicot mélancolique sévère
Il se tient tel un coq, son haut col l'enjolive
L'alcool est son licol, tu lui donnes une olive
Le murmure en tes murs croît, c'est un chemin de croix
Chaque soir moût ainsi ces ombres là qui croient
Acheter par la tache aux chemises une manche
D'une station de vie, leur éternel dimanche
Tu essuies chemise et rends l'homme en netteté
Eponge et serpillère ont plus d'honnêteté
Car elles se lavent à l'eau dans les lavabos
Qu'esclave alcolo, abominable bobo
Les mots, les mots ! Il vous faut maintenant trahir
La parole en goguette de ces ivres sbires
Aucun alcool n'éclaire un vers cacophonique
Mieux vaut se taire et, d'un air entendu : "bernique !"
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Social
Publié le 29/08/2017
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Un vrai théâtre que ce bar. | |
eric |
Merci Eric pour ton commentaire si juste. Un bar est une vraie scène de théâtre, où les comédiens sont ivres de leurs rôles. | |
jacou |
Une scène de théâtre, très bien rendue, un lieu à la fois vivant et rempli d'âmes en perdition. Ces endroits uniques tendent à disparaitre malheureusement suite à l'interdiction de fumer et à la répression sur l'alcool. Tant pis pour l'humanité étrange qu'ils accueillaient et pour les amoureux des brèves de comptoir. J'adore votre paragraphe 4 et ses mots qui claudiquent. | |
eliosir |
Merci à vous Eliosir pour ces notes nostalgiques. Dans ma ville (Argenteuil), il y a encore de ces petits bars à l'ancienne avec leurs consommateurs habitués, même s'il est vrai qu'ils sont plus amateurs de cafés dorénavant que buveurs de bières... Mais il me fallait, pour ma cacophonie, des énergumènes sevrés à l'alcool. | |
jacou |
J'ai adoré tous les jeux de sons très amusants. Merci Jacou de rendre aussi vivante et drôle une scène de bar quotidienne | |
grêle |
Je te remercie Grêle pour ton message amusé : je frôle en effet la cacophonie dans ce texte. | |
jacou |
joli travail sur les sons allitérations assonances |
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marinette |
Hic ! Tu as versé le vers bucolique dans un verre alcoolique ! | |
CRO-MAGNON |
Merci Marinette pour ton commentaire : en effet, à partir de la troisième strophe, cela se transforme peu à peu en un délire des mots, travaillés par les sons qui les assemblent. | |
jacou |
Merci Cro, il y a de cela, tout à fait ! Quand on a bu, nos mots deviennent rébus ! | |
jacou |
Quelque part, ton bon poème célèbre l'amitié. C'est souvent entre amis que l'on va boire un verre (pas nécessairement de l'alcool) pour se détendre, échanger et partager. Même si on est tout seul, ce lieu est propice aux liens amicaux et qui sait ? une rencontre...Ton écrit, c'est un peu la musique, la bonne humeur à consommer sans modération ! Quand je vais dans un bar, je prends systématiquement un Monaco lol peut-être à cause de mon prénom...Merci et bravo pour tes mots, ami Jacou, qui ont un goût sucré plutôt que alcoolisé, j'ai aimé ! | |
suane |
Je te remercie, chère Suane, pour tes fines lignes et ta confidence. C'est amusant que tu prennes un Monaco, vraiment, un vrai clin d'oeil : personnellement, j'aime beaucoup la Pina Colada et la Pelforth. Tu vois de l'amitié dans le fait de boire un verre ensemble, et tu as raison, c'est un des éléments de notre culture et ça délie les langues juste ce qu'il faut quand on est timide. A la maison, un bon verre apéritif avant un repas ouvre l'appétit, et un verre de vin à table par jour est bon pour la santé, dit-on. Seul l'abus nuit. Pour mon texte, il me fallait inventer une drôle de galerie de personnages hauts en couleur dignes de proférer des vers dans un bar mais attention : qui a bu en abus dit un rébus ! Lol |
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jacou |
Après lecture ,je ne sais pas si je vais me décider à commander un verre dans ce lieu ...je ne sens plus aucune soif suite à tes vers remplis à ras bord par ton extraordinaire poésie...merci Georges ! | |
Yuba |
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