Je fus l'enfance amère à souffrir pour la mère
Ma culture a vengeance à ma famille ôtée
Du savoir, pour elle forte en fleur sabotée
Sa Josiane tuée pure ayant marâtre en peine
Mais son français parfait sur le pavois d'un cœur
Parla son avenir me donnant certitude
Que seule elle édifia, contre l'incomplétude
Son amour sacrifié d'effacer la rancœur
D'un juge homme en troupeau espérant de tomber
Comme à s'effacer où ton père bouche bée
L'Algérien la Française a sauvé des lessives
Conspuée il l'aima jusqu'à l'éloignement
De la Mort qui prend tout, elle et lui mêmement
Le Fils doit s'envoler loin des mues d'agressives
*-*
Notes explicatives :
Ma mère Yvonne, Française, à 11 ans pour psoriasis non transmissible fut exclue de l'école sur pétition de parents d'élèves apeurés la jugeant dangereuse, malgré l'avis médical, et sa famille la jugeant inutile la condamnait à laver leur linge sale, comme on dit.
Mon père Mohammed, Algérien, la sauva de cette situation et, électricien « indigène » de souche, immigré aussi mais né « français » sans droits politiques (car né en 1932), lui permit sans doute, lui l'admirateur de Patrice Lumumba, de devenir l'une des premières femmes chauffeuses de taxi à la vingtaine (vers 1960), puis ouvrière durant les « Trente Glorieuses », puis devenue employée vendant des voyages en s'exprimant parfaitement, elle, l'autodidacte, comme mon père qui lisait Albert Camus le pied-noir n'ayant pas pris position pendant la guerre d'Algérie par respect pour la simplicité de sa mère d'origine espagnole.
Ma mère a perdu à 18 ans la seule sœur différente dans sa famille, la plus proche, nommée Josiane (qui est le prénom de ma sœur), tuée par un notable chauffard jamais poursuivi quoique parfaitement connu dans la ville d'Essonne où ce drame eut lieu.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Social
Publié le 01/10/2022
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j’avoue, Nous traînons nos douleurs tel un forçat son boulet , écrire exorcise un peu les passés douloureux dans lequel nous puisons nos forces Merci pour le partage |
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Errant |
Merci beaucoup Errant pour votre commentaire en belle empathie d'un cœur qui poétise. Nous sommes Baudelaire vomissant sa "lésine" objet de ses prières, Artaud réclamant sa morphine au médecin mais surtout à Jacques Rivière découvreur chez Gallimard qu'il permette de publier les poèmes recueillis dans ce qui deviendra "L'Ombilic des Limbes" publié après qu'il aura dirigé en poète la revue "La Révolution Surréaliste" et se sera fait un nom comme dramaturge... Nous sommes les poètes qui souffrent d'offrir, en l'autre sens de souffrir, qui est de ne pas trop faire de mal... Les forces des âmes d'artistes sont entées dans leurs douleurs, leurs vers prient pour eux et pour tous, et nous magnifions nos défaites, tombant dix fois pour se relever neuf, et la dernière la dépeindre dessinée écrite sculptée chantée Merci encore à vous, lumineux Errant pour moi |
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jacou |
J'y lis un poème sur les héritages difficiles... "Mêmement" est un très joli mot, judicieusement placé ici, chantant Bravo |
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Edelphe |
Merci Edelphe, mêmement pour votre commentaire agréable. La vie, étonnement, avec d'autres soucis, m'a conduit à reproduire un peu les héritages familiaux exposées ici, mais je n'oublie pas que le cadre social où mes parents ont vécu était devenu plus favorable à ce qu'ils puissent vivre dans notre pays leur passion commune : ma mère a voté et obtenu un chéquier et ses métiers pour l'accomplir autonome et décisionnaire, et pour mon père ayant dû prendre parti dans la guerre d'Algérie pour l'indépendance tempérée proposée par le mouvement messaliste anti-FLN, il était électricien et contremaître algérien français encadrant des électriciens métropolitains aussi à la fin de sa vie écourtée par un cancer en France même. Quant à moi, fonctionnaire à la Mairie de Paris ayant travaillé dans l'Action Sociale une direction en liens avec l'AP-HP qui dépend aussi de Paris quoique les hôpitaux soient dans la France entière, j'ai appris que les accords d'Évian mettant fin à la guerre en Algérie donnaient en plus de l'indépendance aux migrants algériens ex-français requis la protection sociale de la Sécurité Sociale pour les professionnels comme à tous ici, et encore aussi la Licence IV qui permet de faire concurrence aux Auvergnats pour les bougnats (lol) et autres restos et de vendre les sacro-saint alcools et vins et liqueurs qui en France sont proverbiaux et si jouissifs, avec modération bien sûr :D |
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jacou |
L'histoire familiale est un vaste sujet. J'ai aimé en apprendre + de votre histoire. Rencontrer vos parents par l'intermédiaire de ce poème m'a touché. A la lecture de leur parcours, on se rend compte que la vie dans le temps n'était pas des plus faciles. Nous pouvons nous estimer heureux, aujourd'hui. Merci à vous pour vous être livré ainsi. Au plaisir. |
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Bonsoir Syntax Error, j'aime la profonde humanité, la belle sympathie, la capacité d'empathie que le poète possède plus sensibilisée à la souffrance comme à ce qui fait joies d'un jour à défaut des toujours qu'on aimerait vivre constamment ou longuement. Je vous suis profondément reconnaissant d'avoir apprécié ce poème de mise à nu filiale, l'on est enfant de sa lignée, et de sa tribu ou clan familial, et de sa nation aussi, puis, comme souhaitait Montaigne, de la commune humanité, et celle-ci peut être encore plus vaste en son univers si, comme je le sens et lis chez vous, il est songé à ce que l'esprit humain pourrait enclore et peut déjà, que les sciences du cerveau, sous-utilisé semble-t-il, étudient, et que les arts inventifs, inouïs, attestent. Je vous exprime toute ma reconnaissance pour votre présence sous ce texte qui m'est cher. Au plaisir, Monsieur. |
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jacou |
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