Je verrai bien un jour si ce que j'écris
À égale distance entre la boue et l'or
Vaut les heures que j'y consacre aujourd'hui
Si je n'eus pas mieux fait de chanter une laure
Un ermitage où me retirer de la vie
Ou une femme aimée comme aucune autre alors
Un ermitage, refuge de mes envies
Ou bien celle qui vient aux vents légers d'aurore
Ce sont là extases contraires, à tout prendre...
Au début de notre ère un ermite au désert
Etait le plus heureux, le plus sage des hommes
Ce chrétien pouvait s'enterrer sous une pierre
Ou aller se jucher en haut d'une colonne
Sans qu'on y voit malice, objet de folie douce
Syméon le Stylite a bien vécu vingt ans
Sur sa plate-forme étroite et sa femme rousse
Le nourrissait des yeux plus que par aliments
Ce sont là drôles d'extases à bien comprendre...
La femme aime de tout son cœur et tout son corps
Nul ne peut la vouloir autrement qu'elle n'est
Et aucun poème ne l'a cernée encore
Car toujours en l'homme un doute d'elle lui naît
Alors il reporte en la mystique son doute
(N'est-ce pas Saint Jean qui te murait au couvent ?)
Et pérégrine en l'âme ainsi que dans la soute
Du beau navire féminin qui les flots fend
Ce sont là drôles d'extases à clair entendre...
Pour tout ceci la flamme érotique est plus forte
On bande d'énergie comme on bande autre chose
Ô Pétrarque ton arc chantait ta Laure morte
Et tu gagnas les lieux saints où elle repose
Tandis que morfondus, les moines lors approuvent
Les vents d'hiver qui les font se retirer clos
En braillant des chants forts pour effrayer les louves
Ils taisent leurs sexes et se fouettent le dos...
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Spiritualité
Publié le 26/03/2017
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eric |
Merci Eric pour ton commentaire. | |
jacou |
Ce poème est magistral Jacou. Tu écris merveilleusement bien. Quel bonheur ! Merci beaucoup. |
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Iloa Mys |
Un grand merci à toi, Iloa Mys, pour ton message qui me touche :) J'étais surtout dubitatif si j'avais su relier l'amour mystique au renoncement de l'amour passion, sans dévoyer ni l'un ni l'autre. Tu me rassures, et je t'en remercie doublement, du coup. |
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jacou |
Oula ! je suis en extase devant ces stances ! Un beau travail d'écriture qui nous mène dans une progression de la chasteté au désir et vice versa ....mais je reste curieuse de savoir si les chants les plus forts peuvent éteindre le désir !!!sourire Merci |
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Pieds-enVERS |
Je vous remercie de tout cœur, Pieds-enVERS, pour votre commentaire si chaleureux ! Si "j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots", je crois que les chants n'auront jamais ni la force, ni l'émotion ressentie nécessaires pour pouvoir s'égaler à l'intensité du désir, que ne comblent pas même les extases réitérées amoureuses ou mystiques ! Et c'est heureux d'ailleurs, pour que ce désir ne soit jamais assez rassasié ! |
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jacou |
La vie monastique bien écrite dans ce poème. On ressent bien ce mode de vie. Merci pour ce partage. | |
suane |
Un grand merci à toi Suane pour ton commentaire ! J'ai toujours été fasciné par les ermites, ascètes et autres moines, personnages persévérants. Ce sont des exemples d'humanité : ils renoncent au bonheur ici-bas pour un bonheur qu'ils jugent plus essentiels. |
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jacou |
Tant d'homophones de Laure qui laurent votre poème malicieux ! | |
Eleidora |
Merci beaucoup à vous Eleidora pour ces lauriers ! | |
jacou |
Je le trouve également magistral cet écrit ! Par ces cheminement contraires où il nous entraine sans pour autant prendre une décision claire restant au croisement de la boue et de l'or ! J'aime aussi les trois arrêts qu'il effectue comme des petites concussions avant de poursuivre ... Bravo Georges ! |
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Yuba |
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