Je veux mouvoir ce globe avec mes légionnaires
Pense au déjeuner un Lucifer mal rasé
Lancer sur le monde cohortes et manipules
Dressons le plan de ma conquête infernale…
Émile est poète et surtout vendeur de meubles
Il parle alexandrins mais vend des baldaquins
Ils ne sont que deux comme lui dans son immeuble
Aimant les arts sourciers et Saint Thomas d'Aquin
Lucifer le grand Illuminé est dans un matin calme
Remplissons nos Enfers de dépouilles ardentes
Puis à midi tapante, j'irai manger de la pâte al dente
Le serviteur Dante (il a mal fini) s'efface sous les palmes
Émile esthète a mille pensées dans la tête
L'art tracasse aussi sous les chapiteaux d'acier
De ces lieux endormis où les clients s'hébètent
Des doux airs que leur sert un jeu de disque à scier
Lulu mange un pilaf sans aile et engloutit un pécheur
Midi sonne et son plan a du plomb dans le fuselage
Le Satan est trop paresseux pour s'emparer du monde
Sur une idée sincère mais très mal étayée
Émile entend que le vers en volant redresse
La conduite du texte dont le sujet plombe
En outre aligner les sons montre de l'adresse
Il commence ainsi en chatouillant ses lombes :
(Lucifer s'est endormi gargarisé repu
Purée d'apôtres en sauce cardinale miam !
Son antre fétide s'empoussière se délabre
Il va péter le feu encore un million d'années…)
« Pèlerin d'un sentier partout inoubliable
Je me défais dans mes stations de toute peine
Il y a tant à dire à ce peuple si liable
Mais je passe et n'ai de clé, puis je suis pêne
J'ouvre la serrure du cœur à ces fidèles
Beaux de croire en l'homme en Dieu en nos ouvertures
Quant à ces jolies femmes je me défie d'elles
J'ai donné pour l'amour j'aspire à la prêture
La seule idée montée en son noble diadème
Est écrite au creux de ma main restant secrète
C'est le plus beau vers du monde et pour ça je l'aime
Sur la route de Saint Jacques je vois des crêtes
Arriverais-je à temps pour la prosternation ?
Qu'importe j'ai ce temps ! Toute une vie d'un homme
Consacrée à faire le bien dans les nations
Suffit ! Je suis éveillé ! Plus jamais de sommes ! »
(La clé de lecture : la « Somme » théologique de Saint Thomas d'Aquin, Lucifer repu fait un somme, Émile vend des sommiers, et son pèlerin versifié ne fera plus de sommes, paraît-il)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Spiritualité
Publié le 09/02/2019
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j'adore cette ambiguïté est magistrale voilà c'est très fort d'animer ainsi dans notre vie des symboles d'envergure qui nous révèlent dans le sommeil il y a des clés partout pèlerin d'un sentier partout inoubliable merci jacou |
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marinette |
C'est un régal ce poème ! Les meilleurs des pélerinages sont ceux qui s'effectuent sur place , par les idées qui nous font traverser les jours et les inconscientes qui peuplent de nos rêves l'essentiel ... Merci Georges pour ce conte poétique dédié à Emile et Lulu habitant en chacun de nous? Les deux vont attendre la réponse au paradis des favoris ! |
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Yuba |
dense acuité scripturale amitiés:) | |
romantique |
Marinette, Assia, Sylvain : je vous remercie pour tout. Mon Émile et Lucifer forment un drôle de couple de héros dans ce poème dont il me serait difficile d'expliquer la naissance. C'est une conjuration de l'apocalypse infernale par un vendeur de meubles grâce à la poésie et aussi sans doute un peu de théologie... Les rudiments d'un "Da Vinci Code", quoi ! @ Marinette : oui, je cherche toujours les clés partout, l'ésotérisme me requiert. @ Assia : oui, Émile et Lucifer sont nos deux aspirations baudelairiennes. |
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jacou |
Jolie ! | |
Weedja |
Weedja mille mercis pour ce message, j'aime vous voir passer et virevolter. | |
jacou |
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