Symphonie pastorale au versant des alpages
Un troupeau de brebis suspendues en hauteurs
Au contact des mouflons établis sur les roches
Est guidé par un chien aboyant ses clairs ordres

Le berger n'est pas inscrit dans ce paysage
Qui pour moi citadin est bien trop pittoresque
Sûrement fait-il la sieste en homme très sage
Dans ce magma de rocs qui m'apparaît dantesque

Je ne suis rien d'autre que la si petite âme
À la recherche d'une élévation mystique
Je veux tutoyer le ciel comme fragile flamme
Que les vents très puissants menacent d'être étique

Dès lors, mon approche est réaliste au possible
J'aimerais embrasser l'ours vivant en montagne
Et sur un signe abstraire un corps qui est Sa cible
Me confondre au néant, devenir Sa compagne

Les vers de Jean de la Croix, je me les récite
Mon ascension ne fut qu'un concert d'opéra
Tant est vaste ma foi qu'un monde sollicite
Et mon passé vaincu, qui longuement erra

Tout ceci enterré dans une « âme et un corps »
Comme disait Arthur, c'est pour ma renaissance
Que je visite le ciel, ce sublime décor
Où je vais mettre à mort ma dernière souffrance

Ô terre des hommes, tu souffres le martyr !
Nous t'avons maudite, l'univers nous échoie
Je ne peux à ton sort avoir à consentir
Reçois cet éloge où je consacre mon choix

Champs qui renouvelez vos concetti de miel
Qui tapissez de blés en musique de sphères
L'enchantement d'être un passant sous votre Ciel
Dieu que je vouvoie, Merci d'un simple éphémère !

(En achevant de lire « Ethique de la considération » de la philosophe Corine Pelluchon)