Cilice de silence est ton épreuve aride
Moine qui époumone en ta foi ta folie
De croire qu'un Dieu comblera ce désert vide
Dont les rues témoignent en fin de pandémie
Sorti de Solesmes sans l'ami, camarade
Partageant la cellule où vous comptiez les laudes
Vos prières étaient pour braver cette camarde
Dont aucun de nous est sauf, tu sais ce qui rôde
Ce souffle est méphitique et Satan à sa table
Bat la mesure à son tympanon, ses crécelles
Sont les corneilles qui criaillent, détestable
Cri de ce corbeau noir, mâcheur des morts, cervelles
Dont la glue répandue dans les rues de la ville
T'ont mis les yeux, hagard, en billes de loto
Et tu crias la mort, toi, l'être le plus vil
Parce que simple moine et portant en ex-voto
La vie que tu menais, dans ton partage humain
L'ami s'est essoufflé quand le virus le prit
Sa belle âme au vrai ciel s'en est allée, ses mains
Se sont hissées vers les ramures, pour son prix
Tel que Tu l'as senti, son départ nous soulage
Son sacrifice a sauvé le quartier maudit
Par l'infâme virus, moine du « milieu d'âge »
Où se perdre en chemin conduit au Paradis*
(*la « Divine Comédie » de Dante se termine au Paradis, son tout premier vers est : « Au milieu du chemin de ma vie… » [« Nel mezzo del cammin di nostra vita »])
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Spiritualité
Publié le 04/04/2020
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La puissance de votre plume fait ressortir un côté fantastique fort de ce poème où l'enfer côtoie ce chemin menant au paradis, en passant par les méandres de doute semblant habiter le coeur de ce moine. Et la présence de ce virus dans votre poème ramène immanquablement à l'actualité, la question de savoir combien de nous devront être pris par la camarde pour qu'enfin cesse cette épidémie se posant alors. Combien... et qui? Merci beaucoup pour la richesse de vos partages, avec ma vive amitié. |
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Matriochka |
Merci Matriochka pour ces interrogations que je partage, en vertu de sacrifier à mes convictions, et comme je suis croyant je ne pouvais pas éviter d'écrire à ce sujet. Car c'est être pris de doute intensément que de se vouer à Dieu, et d'être confronté à l'épidémie qui tue tout espoir. L'idée de sacrifice est présente dans mon esprit, mais elle s'incarne en ce moment précis en pleine humanité, à travers tous ces gens qui préservent tant de vies bien plus nombreuses. Alors la religion s'efface, et demeure l'humanité nue... Bonne soirée à vous et bonne semaine aussi :) |
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jacou |