Le café dans sa tasse effaçant ma paresse
Mircea, vous direz combien l'homme astucieux
A mêlé des principes et des dieux sous les cieux
Divers, quand la compréhension devient caresse
Corroborant de tel Ouroboros serpent
La lente reptation vers un motif plus clair
L'appellation violente est droite comme éclair
Serpent dragon sera ce feu dont Zeus dépend
Le labyrinthe est la préhistorique grotte
Où l'humain craintif de l'animal se cachait
Avant qu'une Ariane à son Thésée rattachée
Ne tue toute bête en un taureau qui gigote
Mais pour vous, Eliade, le Ciel comme la Terre
Vous sont images de l'enfance, un grand voyage
Qui se fait à l'avance, en amont de son âge
Afin de mieux mourir, grand personnage, et taire
En vous lisant, ce que l'Europe fît naguère
Quand ferraillant contre les Hébreux l'Allemagne
S'incarna en Goliath contre David, campagne
Où l'Université des professeurs, grégaire
Ne jetait aucun cri contre ce sacrifice
Ce suicide en est un religieusement tu
Et vous, Monsieur, votre silence alors statue
Sur vous, connaisseur des bases de l'édifice
L'Europe efface un grand crime avec petitesse
Le dieu Mammon, un économiste sévère
Lui tient lieu de divin, dans lequel persévère
Le masque d'une Histoire occultée en vitesse
On obtient par l'oubli une insomnie mortelle
Avoir coupé de soi la racine hébraïque
Même avec les secours de la neuve Amérique
C'est, là, coupable faute, un meurtre originel
(Mircea Eliade était un brillant historien des religions, mais aussi un penseur dont les opinions politiques en firent un fasciste dans les années 1930 et 1940, en Roumanie et en France occupée.)
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Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Spiritualité
Publié le 15/04/2020
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En tous cas jacou, comme toujours vos poèmes sont d'une élégance et d'une érudition qui me laissent sans voix... |
Alphaesia  |
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Un poème très édifiant, au sens où vous m'en apprenez sur cet historien des religions aux opinions contraires aux miennes, je vous l'avoue. J'ai beau fouiller ma mémoire... il ne me semble pas me rappeler d'avoir entendu parler de Mircea Eliade pendant mes études d'allemand, dans le module d'histoire de l'Allemagne... aurait-il été évincé des programmes universitaires? En tout cas, merci beaucoup pour ce poème, fort bien écrit, qui pallie aux lacunes de ma culture générale. Avec toute mon amitié :) |
Matriochka  |
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Sublime ! Et Comme Matriochka , je ne connaissais pas cet historien philosophe , qui selon sa biographie trouvée sur le net, était polyglotte , parlait donc plusieurs langues et jonglait à travers elles entre l'histoire et les religions touchant de près aussi bien les mythes que les réalités comme le mentionne ton titre ... C'est toujours un immense plaisir de te lire Georges dans des textes où tes passions s'harmonisent entre elles pour nous livrer des moments absolument interessants ! |
| Yuba |
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Olivier et Assia, mille mercis pour vos messages, ils sont témoins de votre intérêt jamais pris en défaut pour tous les sujets, et aussi de votre modestie. Je suis bien immodeste de m'être emparé d'un tel sujet, mais c'était plus fort que moi. |
| jacou |
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Matriochka, un grand merci à vous. Non, votre mémoire ne vous joue pas de tours et vous restez bien avisée. À vrai dire, c'est en lisant une étude écrite par Mircea Éliade où il citait en notes des auteurs ayant publié eux-mêmes des études dans l'Europe occupée par les nazis, que je me suis intrigué pour ces notes. Car, publier à Louvain en Belgique en 1944, à Anvers en Belgique en 1942, à Stuttgart en Allemagne en 1939, ne requérait-il pas une autorisation du ministère de la culture des nazis, voire une approbation ? Et, dans le domaine délicat de l'histoire des religions, lorsque l'on sait ce que les nazis firent subir à la religion juive, n'était-ce pas là encore délicat ?... C'est cela qui m'a intrigué, de simples notes de bas de pages, mais ces scolies citées par Éliade, non exempt de convictions idéologiques dans ces années 1930 et 40, m'ont intrigué, même si je ne peux pas dire que Éliade se soit fourvoyé comme un Martin Heidegger avec les nazis allemands. Je n'oserais pas prétendre cela. Merci encore à vous pour votre sagacité. Avec toute mon amitié pour vous :) |
| jacou |