Nous étions les âmes en perdition des hommes
Les camps qui avalaient nos humbles subterfuges
Le lager grand vainqueur à coups de schlague, gommes
Sur des peaux humaines n'ayant plus de refuges
Ces peaux dont quelqu'un fit un macabre abat-jour
Le goulag horizon du rêve prolétaire
La chanson qui mourait des oiseaux de toujours
Aucun espoir en somme encore sur la Terre
Je suis Juif, je suis Russe, or pourquoi tant de suif ?
Où est passée la myrrhe en l'Arabie heureuse ?
Le Cantique de tous les cantiques* est juif !
Et, par Dostoïevski, la mystique est si russe !
Pourquoi, peuples souffrants, fûtes-vous des cobayes ?
Je vais, cherchant le chant qui vous aurait charmés...
Mais je sais qu'ici-bas, il n'est rien qui tant vaille
L'Amour de la Femme, réel Dieu des armées !
*[Note : le Cantique des cantiques est un poème inclus dans la Bible, l'un des plus beaux et anciens chants d'amour qui soit, dont voici le début :
"Qu'il me baise des baisers de sa bouche !
Car ton amour vaut mieux que le vin,
Tes parfums ont une odeur suave;
Ton nom est une huile épandue,
C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment."
Il est lu à la synagogue lors du Sabbat, pour la Pâques juive (Pessa'h).]
https://bible.catholique.org/le-cantique-des-cantiques/4516-chapitre-1
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Histoire
Publié le 05/04/2018
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Avec cette horreur planifiée comme un exercice comptable, la rationalité instrumentale aura révélé toute son inhumanité, merci de le rappeler jacou! | |
banniange-deleted |
Merci Banniange pour ton compliment. De grands hérauts ont souligné, et condamné, le règne de la technique, je pense à Heidegger ou à Ernst Jünger, ou encore à René Guénon, et, sans la condamner explicitement, VValter Benjamin en a tiré beaucoup d'intéressantes conclusions (de même son ami Theodor Adorno). L'horreur a fait passer un sale quart d'heure d'éternité au 20ème siècle. Quant à l'horreur de la rationalité instrumentale désamarrée de l'humanisme, Hannah Arendt l'a soulignée dans son "Eichmann à Jérusalem", portraiturant et sondant ce fonctionnaire de la Mort ! | |
jacou |
Oh oui malheur ! c'est bien tout ce qui nous reste le chant et la poésie pour pleurer nos morts qui partent pour la plus part sans comprendre ce qui leur arrive , leur sort étant comploté dans des sphères intouchables. L'Arabie pour ne citer que celle là s'est convertie à la religion du profit ! Merci Jacou pour ce bel écrit ! Amitiés :) |
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Yuba |
Je te remercie Yubanca pour tes mots qui dénoncent les maux, et de citer l'Arabie Saoudite, pays dont le nom rappelle que ce pays-monarchie tout entier et ses "sujets" appartiennent à une seule famille comptant environ 2000 personnes (princes et compagnie...), fait unique au monde ! Malgré tout, la France, "pays des droits de l'homme et du citoyen" depuis 1789, paraît-il, est son alliée et lui vend l'armement avec lequel elle bombarde en ce moment le Yémen, y tuant beaucoup de civils ! Amitiés :) |
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jacou |
Ton bon poème met l'accent sur d'atroces images, je pense en particulier aux camps d'extermination. C'est une lecture terrible, de même que ces tortures. Bravo Georges et douce nuit à toi. Bisous. | |
suane |
Merci à toi d'avoir lu ce texte, rude ainsi que je l'imaginais. Ta lecture attentive te fait porter un bon diagnostic, car "l'atroce", l'innommable, l'indicible ont présidé à ces évocations, enfouies dans un recoin sombre de mon esprit hanté par l'Histoire, pas si ancienne que cela... Belle nuit cadencée avec une hymne au sommeil, Stéphanie. Bisous. | |
jacou |
Les dictatures sont comme les mauvaises herbes, on croit s'en être débarrassé mais elles reviennent invariablement pour ceux qui pensent les avoir éradiquées. Elles fleurissent en ce moment dans le monde et si nous n'y prenons garde, nous laissent présager des jours bien sombres. Merci pour ce beau poème. | |
eliosir |
Merci Eliosir, diagnostic très juste. Ce qu'on appelle "démocratures", mixage de dictatures personnelles de tyran et de démocratie car ils sont arrivés au pouvoir par les urnes, comme un certain Adolf du reste, pullulent. Les démocraties demeurant doivent se serrer les coudes et faire front, comme durant les années 30 et 40 ! Mauvais vents, passeront ils la promesse des fleurs, où soufflent ils à demeure ? | |
jacou |
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