Les feuilles amassées tapissant nos forêts
Sont comme ces feuillets sortis de nos cahiers
L'enfance y a collé ses nombreuses couleurs
Nous nous enfonçons sous les ombres des heures.
Les prés verdis sont près, les collines lointaines
Barrant un horizon et sa nue incertaine
Auprès, coule un ruisseau qu'on perdra sur le seuil
Seul le silence escorte un pas chargé de deuils.
Et ce pas qui, timide, avance vers les frênes
S'accompagne d'un bras ramassant une faîne
Et, c'est tout l'homme enfin ayant franchi l'orée
Qui entre en ce royaume, où dormît l'adorée.
Des hêtres, des chênes, non loin un petit charme
Inclinant leurs branches, retenant bien la larme
Qu'un œil souffrant du beau, car nourri du tombeau
Versera en offrande, instamment, en vue d'eau
Pareille à la source où puiser la jouvence
Une onde ridée comme qui est en souffrance.
La clairière est dorée et pavée de châtaignes
Mais le labyrinthe est ardu pour qu'on l'atteigne.
Tard venu dans la vie, l'homme est en froid d'espoirs
Et la perte de l'être est sans rémission, ce soir
Son fardeau d'abandons s'écoulant sur ses joues
Il revoit ce moment près du meuble acajou
Où le lit se trouvait, et sur la table en buis
La seringue au poison qu'il maudit aujourd'hui.
Ne peut-on l'histoire remonter, à l'horloge
Du temps rétablissant les instants, qu'on déloge ?
Puis, la drogue a fait l'œuvre et la mort nous captive.
Aussi, nous formons le vœu qu'elle soit active
Consumant en brasier dans un bûcher de flamme
Jusqu'au souvenir de deux corps formant une âme.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Triste
Publié le 13/08/2019
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Jacou il est tôt ce matin et je viens de me promener dans votre forêt bienveillante. Je viens de faire une relecture et je crois que je suis passée à côté de la plaque. Je n'ai vu que le côté nature et non le deuil Très beau partage Merci |
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Belle de jour |
c'était Aria, le fantôme des neiges!! | |
Aria |
Belle de jour, je vous remercie et vous assure que vous avez fait la bonne lecture, pour deux raisons : la première est qu'un texte publié dépend désormais de qui le lit, lui appartient aussi, et que le lecteur est libre de ses interprétations. Il n'est pas juste d'imposer une lecture seule et linéaire, et tous les sentiments et interprétations doivent être acceptés. Aussi, je vous remercie d'avoir apprécié d'avoir ce texte . La seconde raison est dans mon approche et le rendu de mon poème : moi-même, j'ai mis l'accent dès le début sur l'aspect "forêt" et je voulais mettre le tout dans la catégorie "nature" en conséquence, mais que la tristesse ne s'est imposée à moi que dans un second temps, amenée par les mots du poème. Car il n'y a ici pas un deuil réel, mais plutôt romantique. En fait, je me suis inspiré d'un peintre nommé Dante Gabriel Rossetti, qui a perdu son modèle qu'il aimait, car elle s'est suicidée en prenant du laudanum... Pardonnez-moi d'être si long, je suis très bavard ! Pour résumer, votre lecture et votre interprétation sont légitimes, car elles sont les vôtres et il ne m'appartient pas de les guider ou de les imposer. De plus, votre lecture a correctement suivi le chemin même de mes pensées personnelles, où la nature est tout par sa constance, le sentiment de deuil un instant qui va finir. Le lien qui accompagne, son illustration surtout qui me plaît beaucoup, montrent la renaissance de cette nature mère, après l'hiver vient toujours le printemps. Après le deuil, les vivants continuent leurs vies. |
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jacou |
Dominique, merci à toi ! Tu trouveras dans le com à Belle de jour, ci-dessus, des explications sur ma conception de ce poème. Je m'y trouve pleinement en accord avec ta lecture attentive. Le manque de l'aimé(e), le manque d'aimer, et ne pas savoir aimer, sont bien des tortures, oui ! Hi hi tu n'es pas un fantôme, Dominique, voyons : je t'imagine plutôt en reine des neiges lol !!! |
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jacou |
Quelles belles émotions ! J'ai aimé suivre le " montage " de ce poème, j'en ai déduit mes propres interprétations puis les commentaires et tes explications m' ont complété la vision totale qui permet de sortir éblouie des sens de ce "labyrinthe en souffrance " se terminant par bain qui bouillonne de frissons certainement à cause de la musique... Merci et félicitations Georges , c'est un poème pour les favoris ! |
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Yuba |
Merci beaucoup Assia. J'ai écrit en écoutant ce morceau, et j'avais noté d'abord quelques mots qui, résonnant dans ma tête, ont fonctionné comme des pivots pour l'inspiration. Que dire d'autre du procédé d'écriture ? Je voulais à tout prix "faine" et "châtaigne" dont j'aime les sonorités. Contrairement à bien d'autres textes, celui-ci est un poème à "contrainte" donc, puisque en notant ces mots relatifs à la forêt et au bois, je me suis imposé de les utiliser, pour les chasser de mon esprit qui vaticinait quelques vers chargés d'eux. Je te remercie également pour cet écrin de tes favoris où le poème prendra sa place, chère amie ! |
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jacou |
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