Il est dans ma mémoire une fille aux yeux fontaine
Qui hante toutes mes nuits et sublime mes peines,
Son regard améthyste s'est dissous dans l'aurore,
Et sa peau de velours aux senteurs orientales, aux reflets d'or
Ondule en courbes voluptueuses, en dunes exotiques
Et orangées qu'un sirocco caresse de son souffle mystique,
Et quand le crépuscule s'endort sous un crépitement d'étoiles
Brûlant ses derniers feux dans le peinture céleste d'une toile
D'argent, de nostalgiques réminiscences, enchantées, irréelles,
Parcourent l'alcôve du souvenir, puis s'envolent à tire d'aile.
Oui, je revois encore son adorable bouche, ses lèvres ourlées,
Des papillons bleus, des coquelicots carmin, c'est l'été,
Les champs de blé sont mûrs, elle porte un bouquet de genêts
Aux effluves subtiles, et marche gracieuse de son pas chaloupé
J'entends ses mots d'amour lentement murmurés,
Qui glissent, qui frissonnent, plus tendres qu'un baiser,
Ma main saisit la sienne, nos doigts se mêlent, instants précieux,
Le temps s'arrête, je tremble, je pleure, je cueille des fleurs
Dans ses yeux,
L'éternité muette de ces cieux embaumés ont la couleur de son âme,
Je vois sa robe blanche, un lys immaculé, la douceur d'une femme,
Et l'amour infini nous emporte dans l'au-delà, dans l'immensité
D'un paradis antérieur, monde platonicien où fleurit la beauté,
Alors ses yeux si purs, myosotis ardents aux reflets du couchant
pleurent des larmes d'azur entre deux firmaments.