Humour et délire

À peine, avais-je passé la porte d'entrée du restaurant que je fus attiré par son éclat chargé de magnétisme. Cette apparition inopinée m'a littéralement paralysé, je suis resté statufié devant son éclatante beauté. Immobile, ne sachant détacher mon regard de sa splendeur, j'étais sourd à l'invitation du serveur qui pour la troisième fois me proposait une table. Tiré de mon extase par son insistance, je me décidais enfin à prendre place, et hâtivement je commandais le plat du jour, avec… un dessert.

Je la regardais, inspiré, le regard mi-clos. J'imaginais le plaisir que je pourrai ressentir en la caressant doucement, avec tendresse, et volupté. Pour elle, d'instinct, j'aurai toutes les audaces.

J'inventerai des caresses qui enflammeraient sa ligne si parfaite. Je la saisirai avec douceur, avec délicatesse. Je la soulèverai amoureusement pour la porter à ma bouche afin de satisfaire ma sensualité.

En fermant les yeux, je vivais mon rêve, je la couvrais de baisers, je sentais ma langue la parcourir, insistant avec douceur et avidité sur ses formes arrondies parfois… profondes.

Devant le serveur surpris et courroucé, emporté par mon imagination je pris mon stylo et me mis à écrire sur la nappe en papier…

Oh ! Toi qui me portes là-bas,
Au septième ciel pas à pas.
Laisse-moi te prendre, t'aimer,
Entièrement, sans blasphémer.
Douce volupté des désirs
Abandonne-moi les plaisirs,
De caresser ses doux contours
En lui prouvant tout mon amour.
.Beauté mythique qui m'envoûte
Qui m'émoustille et me déroute,
Je désire ton corps, ton âme
Débarrasse-toi de ta trame.
.À moi Éros ! Dieu perdition,
Écoute mes supplications,
Incite les évènements
À… exhausser mon firmament.

Malgré le bruit autour de moi, mon imagination débordante continuait de fantasmer. Mon esprit vivait intensément dans le paradis des plaisirs et de l'amour. Je ressentais dans tout mon corps, seconde après seconde, un érotisme brûlant. Mes mains tremblaient d'impatience. Mon cœur battait à tout rompre. Je sentais des gouttes de sueur couler sur mon visage. Je désirais comme un fou ce symbole de gourmandise, qui me faisait envisager tant et tant de voluptueux bonheurs. Voguant sur mes éternels rêves bleus, je me laissais emporter par ma sensualité exacerbée. Je planais, dans un éden de fleurs et de parfums envoûtants, aux doux goûts de fruits défendus.

Elle était divinement belle, me paraissant aussi brillante que l'étoile du berger une nuit d'été.

À la fin du repas s'imposait la nécessité de prendre une décision.

D'un naturel honnête, plutôt timide, je n'ai pourtant pas hésité longtemps, puisant en moi la force nécessaire afin de réaliser mon désir fou, et… interdit !

Audacieux, j'ai quitté la table et je me présentais à la caisse pour payer mon addition.

Là, j'ai ressenti une gêne terrible, surtout quand la caissière m'a demandé...

: Pardon monsieur, mais… la petite cuillère, je vous la facture, ou… vous l'abandonnez ici ?