Les jours passent et la fée s'interroge
Elle pousse au loin les maux qui la tarodent
Plus un mot ne sort
Plus un mot pour son regard avide.

Alors elle se dit avec le temps que cela n'a pas d'importance
Cet homme aime sa fée n'est ce pas le principal ?

Mais la fée a besoin d'être rassurée
Elle cherche dans son regard les mots
Pour se sentir désirée demande "suis-je belle" ?
Et l'homme répond sans regarder

Les hommes sont ainsi fait
Ils ont l'amour d'une fée cela leur suffit bien
Croyant cet amour éternel...

Alors la fée triste s'en contente
Nourrissant de poussière son amour à l'agonie
Se sent laide à mourir mais quelle importance
Les miroirs sont voilés les miroirs assassinés délaissés
Et la fée sur la toile se promène...

Et trouve les mots tant désirés
Et elle pleure elle a mal...

Car ces mots qu'elle aimait tant ne sont plus pour elle
Et elle se sent encore plus laide
Car à elle l'homme ne dit plus de mots
L'homme ne fait que chercher tous les moyens
De créer une icône intouchable
Pour tenter de la rendre belle
il crée une statue de glace...

Elle le sait bien mais rien n'y fait
Elle tente de faire brûler à nouveau le feu
De cet amour retirant les épines de ses yeux.

Enfermer une fée dans une prison
afin de toujours la garder loin des autres yeux
qui pourrait la trouver belle et qui sait voler le coeur
Mais enferme ne sert à rien si l'on aime point

Et son coeur féérique saigne
Car jamais elle ne sera belle
Sous ce regard oublié
Alors elle aimerait mourir
Et rendre la liberté à l'homme...

Car après tout qui dit que les hommes
Doivent vivre avec les fées
ils ont depuis longtemps oublié la magie
Si cela se faisait, cela se saurait non ?

La fée s'agenouille, comme par le passé
Glisse ses bras autour de ses genoux
Et écoute le temps, qui n'est pas pour elle.

Que les fous qui la verrait agenouillée
Croisant son regard perdu comprendrait sa beauté
déposeraient de leur sourire de miel une offrande de lune
Mais le seul qui pourrait la convaincre ne le lui dit plus.

Et le miroir lui ne ment pas, et rit de son désarroi
Renvoie le reflet réel de cette fée si laide
A la peau déchiquetée, aux yeux vides
Ses yeux qui n'ont rien d'exceptionnel... qu'elle croit.

Car quand on y regarde bien, un monde vit
Dans cette fenêtre entrouverte, un monde survit
palpite et sourit, chante et danse...

De ses bras ne naissaient que douceur et tendresse
Qui se sont repliés et qui pour survivre
cherche à s'offrir encore afin de nourrir la fée.

Mais la petite fée le sait bien à présent
Elle croyait que les mots de l'homme n'étaient que pour elle
Et cela fait mal de se rendre compte que la vérité est toute autre.

Que l'homme n'a jamais cessé d'écrire de jolies choses
Enfin s'il a cessé... pour elle il n'écrit plus.
Mais comme il dit c'est parce qu'il est heureux...
La fée doute à présent et de son amour il ne reste rien de présent.

La fée à libérer de son coeur le chagrin
Et voit dans la nuit une lune qui s'arrondit et lui sourit...
L'amour petite fée est là où on ne le cherche pas.