Les machines
Orphelines
Regardent
Les hommes grippés
Maintenant elles s'agrippent
Aux images
De quelques restes d'harmonie
Du temps où ils formaient
Encore un orchestre

Du temps ou elles les ramenaient
Quand ils étaient gais
Ivres
Nonchalants
Terriblement attachants….
Au temps ou ils débloquaient
Fumaient
Baisaient
Sans gripper
Dans toutes les cabines
Sur tous les ponts
La classe !

Maintenant ils grippent
De la vraie rouille
Les uns
Après les autres
Sans broncher
Sans rien débloquer
Sauf leur participation
Chacun pour soi
C'est choquant
Ce mauvais temps
Disait Micheline
Une vieille machine
Ferroviaire
Jaune et rouge
Au rebut de l'oubli…
Houille aïl aïl
A fond de cale elle crie :

« Gare à vous
Les hommes !
Vous grippez
Plus vite
Et bien plus grave
Que nous… »

Qu'est ce que tu fait là
Micheline ?
Expliques.. ?

« J'étudie l'humanité…celle qui grippe de trouille
et dont les tripes grouillent et ripent»

Elle avait raison.

Les dès étaient jetés
Le nouveau virus
En forme d'iceberg
La grippe
D'une société aviaire
Que l'exploitation hyper libéraliste
Avait bien organisé :
Les faisait gripper
Un par un
Juste un peu avant
La retraite
Et moins si affinité

Les dépouilles sont là entassées….

Micheline
Ne déraillait pas
Elle…
Et les autres machines non plus….
Ou si rarement….
La pression diminuait
Dans les chaudières
Inondées

Gentiment
Elles nous prévenaient

Les machines
Orphelines
Regardaient maintenant
Avec insistance
Les hommes s'agripper
Aux bouées
Du beau Titanic de métal
Moment crucial…
Ils grippent à quoi… ?

« Aux zestes philharmoniques
D'un temps d'avant….
Les trente glorieuses »

L'orchestre joue encore…
Notes en bataille d'Hernani,
Dans un mouvement de plus en plus chaloupé….

Montes vite
Tant qu'il en reste.
Il fait froid
La nuit est noire

L'immense montagne de glace blanche s'éloigne
Le record de la traversée n'a pas été battu….

Le silence….