Je suis la beauté d'un cœur qui résonne
Sans vouloir de mal à personne
Un œil qui regarde, innocent
Sans émettre de jugement
La clarté d'un être pur
Je suis la vie et son écrin
Le rayonnement de la nature
Qui a mis sa flamme en mon sein
Je suis la vie
Et les possibles qu'elle renferme
L'infini
Réduit à un corridor terne
Je suis la vie
Nourrie pour être tuée
Pas par nécessité
Mais pour la texture fondante
Et l'écoulement entre les dents
Qui laisse les papilles frissonnantes
Je suis la vie
Plus pour longtemps
Un regard effaré qui luit
Et s'éteint dans une mare de sang
Je suis la vie
Sur béquilles, qui se traîne
Et avance à grand peine
Un organisme violé sans remords
Le titubement d'un corps
Saturé d'antibiotiques,
Souillé et toxique
Je suis une agonie amère
La tension, la souffrance, l'horreur
Qui imprègnent mes viscères
Et l'écho de quelques « tu meurs »
Que tu avales avec ma chair
Bourrée de neurotransmetteurs
Je suis la vie insultée
Par l'hypocrisie et l'aveuglément
Horrifiés qu'on puisse faire d'un chien un met
Fourchette dans un bout de filet
Certains méritent la mort, d'autres non
Juste parce que tu les trouves mignons ?
Je suis la vie qui crie
Tordue sous une douleur malsaine
Au bout de terminaisons nerveuses
Similaires aux tiennes
Je suis un droit inaliénable
Piétiné et enterré
Sous des carcasses éventrées
Sous des consciences écœurées
Loin des regards
Qu'on préfère détourner
Séquestré dans une tour d'ivoire
Conditionné à avaler sans rien voir
As-tu déjà approché la réalité des abattoirs ?
Le psychisme mutilé dans l'œil éteint des employés
As-tu déjà entendu les hurlements déchirants
Qui précèdent l'égorgement,
Le silence encore plus angoissant
D'une bête assommée sur un tapis roulant ?
Si c'était le cas, c'est certain
Tu mastiquerais avec moins d'entrain
Car c'est à se tordre les entrailles
Jusqu'à vomir toute cette noirceur
C'est à se déchirer le cœur
A pleurer cette Terre aux mains
De l'espèce la plus inférieure
C'est à regretter d'être humain
Consommateur, pas de condamnation
Mais une simple invitation
A lire au-delà de l'étiquette
Qui dépeint des pelages luisants
Dans un pâturage d'herbe verte
Car si tu voyais réellement
Ce qu'on te glisse entre les dents
Et les œillères dont on t'affuble
Tu concevrais plus facilement
Que l'homme est tout aussi victime que la nature
Qui lui est jetée en pâture
Avant d'écouter la voix des lobbys
Dans des bouches de scientifiques
Avant d'écouter les apôtres de la nutrition
Endoctrinés par la tradition
Écoute la vie qui te parle
Avant le dernier râle
La carence est dans l'industrie
Refuser de contribuer à un carnage ne condamne pas à l'anémie
Si tu sais comment te nourrir.
Il n'y a pas d'offre sans demande
Une histoire de confort, de principe, de volonté d'agir
Tant mieux si tu vois où je veux en venir.
.Écrit en janvier 2019 http://www.poesiedesrues.com/ecrits-collateraux/ecoute
Écrit par poesiedesrues
Tâche toujours de voir plus loin
Toute âme, à sa manière, est belle Et l'artiste n'est qu'un humain Qui a levé les yeux au ciel Catégorie : Nature
Publié le 28/03/2019
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Bravo à vous, un poème si fort, dont chaque vers transpire une révolte apaisée et combative pourtant, ne laisse pas ni insensible ni assuré de continuer jusqu'au bout à être un carnivore sans conscience ruinant son âme ! Ce que j'admire, c'est l'angle choisi pour dénoncer, pas vindicatif mais paisiblement dépeignant ce qu'est la vie pour toute créature, et puis aussi notre conscience insensibilisée par la nécessité de se nourrir, aveuglément. Puis, bien sûr, le "métier" des vers, qui est travail de précision des mots et des expressions quand on veut toucher juste. Pour tout cela, félicitations à vous ! | |
jacou |
Magnifique ! Exaltation des sentiments qui invite à la prise de conscience ... Bravo poétesse ! |
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Yuba |
Merci à vous deux pour vos belles réactions ! Jacou, merci beaucoup ! Votre réponse représente beaucoup pour moi, car je voulais à tout prix éviter que les personnes consommant de la viande se sentent jugées ou accusées et plutôt inviter à la réflexion dans la paix. Par cette réponse vous traduisez exactement la manière dont j'avais voulu transmettre tout ça, en plein dans le mille ! |
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