Céphalée

Au bout de ma langue
Le mot se désagrège
La lettre s'effrite
Et rien que le hasard
Soûl
Tangue
Titubant sur la chaussée
D'une Histoire escarpée
Hoquette
Eructe
Et rote
Déclenchant une avalanche
De fou – rire
Et de pets
Du mont Songe rogue

Que reste-t-il

Pour étriquer les brutes

En présence de mots inutiles

Âpres et sans goût
Fades et futiles

Vidés de leurs sucs et stériles
Corrompus
A force d'être forgés par les incrédules
En présence
De lettres illettrées
A peine pouvant s'ânonner
Lasses d'être triturées
Malmenées
Par des mains savantes savonnées
Ruisselantes de sueur
Et moites
Comme des seins de silicone puérils
N'éprouvant plus
Ce plaisir de copuler
Ni Avec le rêve
Ni avec le vers
Ni avec le verbe
Ni avec la verve
Ni avec la vermine
De cet être humain sans estime
Assombris par ce réverbère grillé
Par une tempête
De la dernière semence
Ma langue tangue
Comme une sangsue dans ma bouche
Ses papilles
Se démantibulent et s'effilochent
Mes yeux
Implosent dans leurs orbites
Telles des supernovae galactiques
Mais
L'odeur de suie
Et le parfum
Si prenant du suif brûlé
Calligraphient
Les seules lettres retranchées à la nuit
Sur fond de lumière de minuit
Par jets d'étoiles
Et de comètes
Par feu Saint-Elme
Et de halos
Que nuls autres pulsars
Ne virent naître
Que nul esprit
Aussi ascète qu'il soit
Nulle Raison
Aussi affilée comme il se doit
Ne perçoivent
Mon esprit
Se putréfie de rage
Au creux d'un lobe
Squatté par une céphalée d'outre âge
Se dandinant
Tout au long de mes nerfs
Subissant
Ô combien d'outrages
De tous les âges
De pierre
De fer
De bronze
De fuselage
Moi
Homme de la Terre
Ravivé par la mort des étoiles
Trébuchant sur les cimes
Des monts et des dunes
Et glissant sur les océans
Suis pris en otage
Par mon Ego
Au fin fond des échos
De mes contradictions
De mes convictions
Eternellement remises en question
Comme cette flamme iridescente
Leurrée et par la bruine et par la lune
Ma langue s'ankylose
Et je bégaie
Je bégaie
Mais je pagaie
Je pagaie
Je flotte
Et je barbotte
Mais pour lutter
Il me reste encore ma sagaie
Plume de sang
De mes ancêtres

par Mohammed El Arjouni
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Oujda 04 – 3 - 2007