Et si c'était vrai ce que ma mère me racontait
quand enfant près d'elle je dormais
châteaux, princesses, contes de fées
histoires de rois et de palais

Ces merveilles sitôt remplacées
balayées puis démystifiées
par un monde de sourires défaits
d'anges mal rasés aux yeux cernés

Au fond du lit, peurs animales
mon cri primal dans ce dédale
moyen d'expression lacrimal
cause dommage unilatéral

Felures d'enfance, indifférence
accoutumance à la défiance
instinct de survie, la méfiance
érigée déesse des déviances

Ramper dans la vie coûte que coûte
avec pour seuls guides mes doutes
ni religion ni convictions
citoyen, non, merci, non ...

Ma vanité, mon arrogance
les amies de ma suffisance
petites fées mal intentionnées
près de moi pour me protéger

Toujours fuir les sentiments
me prémunir des faux semblants
construire carapace blindée
abrite mes rêves d'enfant volés

Me terrer à l'abri du monde
de ce qui crie de ce qui gronde
fermer puis avaler la clé
surtout laisser personne entrer

Naufragé au centre des ombres
ces corps perdus, âmes qui sombrent
cette vie que je n'ai pas compris
que je tance de mon mépris

Etranger dans chaque pays
pour guérir de cette avanie
je cherche la lune du regard
espérant qu'il ne soit trop tard

Pour lever l'ancre sans attendre
retourner sur mon astre tendre
seul habitant de ma planète
ma solitude enfin complète

Et si seulement c'était vrai
ce que ma mère me racontait
sur mon coeur sa main je serrais
puis rassuré je m'endormais.