Tu défiles en habits fier et droit comme un lys
le devoir accompli et la conscience lisse
prophète en ton pays , faudrait qu'on t'anoblisse
tes médailles alibi portent l'empreinte du vice
rappelle toi l'ami ce que tu fus jadis
toi le jeune conscrit qu'on emmène au service
pour servir sa patrie et goûter aux délices
de la guerre d'Algérie, jeune bourreau novice
tortionnaire apprenti, inventeur de supplices
puis expert en boucherie, l'homme aux mille sévices
horreur garantie dans ta chambre à malices
ils buvaient dans un cri à la lie leur calice
tout en donnant leurs vies, offrandes à ta milice

Tes crimes sont prescrits, pas question qu'on salisse
ton honneur établi, qu'ta gloire on avilisse
mais ta guerre j'la maudis, je serai pas complice
tes combats je les fuis plus que la syphilis
je crois qu'on t'a menti pour que tu accomplisses
le sale boulot pourri, à leur place assouvisse
cette soif d'hégémonie, le monde tu asservisses.

T'étais pas un héros et tu le seras jamais
juste un gamin paumé qu'on a utilisé
on a pris ta jeunesse, tes plus belles années
espoirs de monde meilleur balancés au charnier
arrache donc tes breloques tes médailles périmées
viens donc je t'offre un verre, de la vodka et du lait
ça s'appelle un "russe blanc" , on boit à la santé
des femmes et de l'amour, des déserteurs armés
de rêves, de fous rires, de vent, de libertés
je te hais fou de guerre mais j't'aime vieil allumé.