La fille voyageait au milieu des étoiles
Sur un char brillant comme un beau désespoir.
Et le vent du néant gonflait la grande voile.
Etait ce le début ou la fin de l'histoire ?
Elle courait ardente au bout de l'univers,
Cherchant sans se lasser sa propre voie royale,
Se moquant sans arrêt de ses nombreux revers,
Offrant au gouffre bleu, sa beauté de vestale.

La folie dans sa poche et le regard hautain,
Elle avait l'impudence éphémère et sacrée
De ceux qui sont blessés mais qui croient au destin,
De ceux se rebellant et sans cesse traqués.
Et l'univers mesquin repoussait ses limites,
Se mettant hors d'atteinte en riant sa tristesse,
S'amusant mollement comme un vieux sybarite,
Du rêve évanescent de la jeune déesse.

Mais elle en faisait fi, farouche et décidée,
Continuait sa route inlassable et sereine,
Sans la moindre faiblesse et sans se demander
Si l'espoir coulerait longtemps dedans ses veines.
Qu'avait elle espéré dans sa tête brûlée ?
Qu'allait elle chercher au bout de ce voyage ?
Qu'importe ses raisons. Dans son char constellé,
Elle allait insensible au devant du naufrage.

Et moi sur cette terre, insignifiant objet,
Je regardais là haut sans voir et sans savoir,
Excédé, impuissant si bien que j'en rageais,
Déçu des le matin, désespéré le soir.
Mon amour inutile, étalé à mes pieds,
Pleurait sans une larme et priait aux étoiles.
Je l'aimais cette enfant à son rêve liée,
Prisonnière des cieux, prise dans cette toile.

Je ne sais si sa vie s'est brisée brusquement,
Happée ipso facto par un de ces trous noirs
Qui avale le rêve au bord du firmament.
Mais je scrute brisé l'infini chaque soir,
Sans vergogne trahi par mes mots saccadés,
Incertain, apeuré par ma raison branlante
Attendant chaque nuit de pouvoir regarder
Passer devant mes yeux, une étoile filante !